Société asiatique Séances 2013

SOCIÉTÉ ASIATIQUE : séances tenues en 2013

Elles ont eu lieu les vendredis à l’Institut de France, 23 quai de Conti, salle Hugot (exception faite de l’Assemblée générale).

Rouleau en soies peintes et brodées, avec textes en chinois & mandchou et sceau impérial, du règne de Qianlong (XVIII<sup>e</sup> s.) - © Société Asiatique

Rouleau en soies peintes et brodées, avec textes en chinois & mandchou et sceau impérial, du règne de Qianlong (XVIIIe s.) – © Société Asiatique

Séance du 13 décembre 2013

1 – Nouveaux membres :

  • Madame Sarah BERNARD, agrégée de grammaire, présentée par Messieurs Jean Haudry et Patrick Moisson.
  • Monsieur Alain DELISSEN, directeur de l’Institut d’Etudes Coréennes du Collège de France, parrainé par Messieurs Jean-Pierre Mahé et Marc Orange.
  • Monsieur Jean-Pascal BASSINO, professeur de sciences économiques à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, parrainé par Messieurs Frédéric Burguière et Jean Esmein.
  • Monsieur Jacques de GUERNY, docteur en sciences économiques, présenté par Messieurs Jean-Louis Bacqué-Grammont et Guy Lubeigt.
  • Monsieur Thibodi BUAKAMSRI, doctorant à Berkeley, département des études asiatiques, présenté par Mesdames Jeanne-Marie Allier et Marie de Réals.
  • Monsieur Alberto CANTERA, professeur d’études avestiques à l’Université de Salamanque, présenté par Madame Céline Redard et Monsieur Arlo Griffiths.
  • Monsieur Philippe POINDRON, professeur honoraire des Universités, présenté par Mesdames Céline Redard et Chantal Duhuy.

2 – Décès  :

Monsieur Pierre BORDREUIL, entré en 1976 à la Société Asiatique, sous le parrainage de Messieurs André Caquot et Maurice Sznycer.

  • Monsieur Lucien KEHREN, entré en 1964 à la Société Asiatique, sous le parrainage de Messieurs Louis Bazin et Claude Cahen.

3 – Communications :

  • Madame Madeleine SCOPELLO, directeur de recherche au CNRS Université Paris IV Sorbonne Correspondant de l’Institut, présente une communication intitulée : La mystique juive et les textes gnostiques de NagHammadi. Plusieurs textes gnostiques conservés dans la collection copte de NagHammadi ont subi l’influence des courants mystiques et ésotériques juifs. Si le motif du voyage au ciel constitue l’apport le plus évident, on peut néanmoins déceler des emprunts plus profonds, thématiques voire textuels. Les récits d’extase de quelques initiésgnostiques ainsi que les descriptionsde la cour et des palais célestes seront ici examinés à la lumière de quelques textes ésotériques juifs. Notre attention portera plus spécialement sur les traités de Zostrien (NagHammadi VIII, 1) et d’Allogène (NagHammadi XI, 3) auxquels on ajoutera l’Evangile de Judas du Codex Tchacos.
  • Monsieur Frédéric GIRARD, Directeur d’études à l’Ecole française d’Extrême Orient, présente une communication intitulée : « Xuanzang (602-664) et le Japon ». Xuanzang (602-664) est l’un des plus grands penseurs bouddhiques du Siècle d’Or chinois qui, en ayant voulu retourner aux sources du bouddhisme et en restaurer les doctrines qui étaient selon lui déformées en Chine, a acquis une grande notoriété comme traducteur, pèlerin et instaurateur de l’école du « Rien-que-conscience » ou de la « Pratique du Yoga ». Au Japon, son école a bénéficié depuis l’Antiquité de l’appui de la puissante famille des Fujiwara si bien que son influence s’est exercée en premier lieu dans les milieux de la noblesse. Nous tâcherons ici de voir si sa pensée et son image du pèlerin et sa Relation de voyage dans les Contrées occidentales n’ont pas également filtré dans d’autres milieux et donné lieu à sa vénération.

Séance du 13 Décembre 2013

Séance du 15 novembre 2013

1 – Nouveaux membres

  • Monsieur Alain DELISSEN, directeur de l’Institut d’Etudes Coréennes du Collège de France.
  • Monsieur Jean-Pascal BASSINO, professeur de sciences économiques à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, parrainé par Messieurs Frédéric Burguière et Jean Esmein.

2 – Décès

  • Madame Nicole EDOUARD, traductrice, entrée à la Société Asiatique en 1991.

3 – Communications :

  • Monsieur Christophe POTTIER, architecte DPLG, archéologue, directeur du centre de l’EFEO à Bangkok, présente une communication intitulée ‘ un Buddha peut en cacher un autre. Nouvelles considérations sur la fin d’Angkor’;

En 1933, Georges Trouvé de l’École française d’Extrême-Orient exhumait les fragments d’une statue monumentale du Bouddha assis sur Nāga à l’intérieur du sanctuaire central du Bayon . Depuis, cette image a été célébrée comme étant la divinité centrale d’Angkor Thom, la capitale de Jayavarman VII, qui aurait disparue lors d’une réaction iconoclaste quelque temps après le règne de ce grand roi. Quatre vingt ans après, on revient aujourd’hui sur cette découverte spectaculaire, en s’attachant tout particulièrement à la tête d’une petite statue de Bouddha qui avait été trouvée avec le grand Bouddha du Bayon. Passée complètement inaperçue, cette petite image révèle pourtant beaucoup sur l’histoire d’Angkor entre les 13ème et 16ème siècles, et notamment sur la période très mal connue de l’abandon d’Angkor. Cette petite tête de Bouddha typique du style du début d’Ayutthaya et l’identification de plus de quarante autres images de ce type constituent les premières preuves matérielles de l’occupation d’Angkor par le souverain d’Ayutthaya au 15ème siècle. Au delà, cette petite tête démontre le maintien du culte rendu au grand Bouddha du Bayon, dont on montre qu’il a encore été restauré au 16ème siècle, et remet en cause l’interprétation de l’iconoclasme du 13ème siècle.

  • Madame Cinzia TAVERNARI, Maître-Assistant à l’Université Abdullah Gül, Kayseri, Turquie, présente une communication intitulée :« Du chemin parcouru à l’itinéraire modélisé : nouvelles perspectives de recherche pour l’étude des routes médiévales de Syrie ».

Si les sources historiques et archéologiques demeurent le plus souvent la base de tout travail cherchant à reconstituer les réseaux de communication d’une région donnée, le considérable développement technologique auquel l’on assiste ces dernières années ouvre désormais des nouvelles perspectives pour l’étude des routes. Dans ce domaine, l’utilisation de logiciels SIG (Système d’Information Géographique) semble en effet permettre de mieux appréhender le développement et les changements des réseaux routiers au fil des siècles. Si l’emploi de ces outils se généralise, leur usage n’est toutefois pas neutre et, par conséquence, il n’est pas exempte de problèmes. L’étude de la voie entre Damas et Alep va nous permettre d’illustrer clairement cette considération, qui est au cœur de notre questionnement. L’itinéraire Damas-Alep, l’un des plus importants de toute la Syrie médiévale a ainsi été examiné à travers une approche interdisciplinaire et rigoureuse qui combine les modèles prédictifs des routes réalisés avec les logiciels SIG avec les sources historiques et les informations archéologiques – c’est-à-dire la trace matérielle constituée par les caravansérails routiers. Cette étude détaillée permettra de saisir la complexité inhérente à l’utilisation des SIG dans les études historiques des réseaux routiers et d’en faire ressortir les réels apports.

Séance du 15 Novembre 2013

Séance du 17 mai 2013

1-Lecture du procès-verbal de la séance précédente.

2- Nouveaux membres :

  • Monsieur Matteo De Chiara, enseignant de pashto à l’INALCO, parrainé par Messieurs Faruk Bilici et Jean-Louis Bacqué-Grammont.

3- Décès :

  • Monsieur Jean Claude Gardin, entré à la Société en 1980 sous le parrainage de Messieurs Raoul Curiel et Jean Filliozat.

4-Communications  :

  • Monsieur Guy LUBEIGT, présente une communication intitulée : « Pagan, cité portuaire de la Birmanie médiévale. Approche géographique.

« Pagan, cité de légendes et de mystères fondée vers 849, dont les splendeurs furent révélées au monde par Marco Polo, fut la capitale du Premier Empire des Birmans (XIe- XIIIe siècles). Elle s’est partagée pendant trois siècles la domination de l’Indochine continentale avec l’Empire des Khmers d’Angkor. Située au coeur de la zone sèche de Birmanie centrale, dans un pays que les anciens désignaient déjà comme »torride« Pagan, cité royale, marchande, militaire et religieuse s’étendait sur la rive orientale de l’Irrawaddy. Elle détenait une position clé au carrefour des grandes voies d’échanges séculaires entre les mondes indien, chinois et malais. Comparées avec les activités agricoles de la région, qui sont bien documentées, les activités portuaires de Pagan, alors reliée aux grands ports de l’Océan Indien, ont été largement sous-estimées par les historiens. »

  • Madame Anne-May CHEW, présente une communication intitulée :« Les temples excavés de la colline de Po Win Taung (Birmanie centrale) : architecture, sculptures et peintures murales »

gieux comprenant environ un millier de grottes excavées sur plusieurs niveaux dans une épaisse couche de grès. Les façades de ces grottes, qui vont de la simple niche au grand temple-sanctuaire en passant par la cellule de méditation, sont décorées de motifs ornementaux en bas et haut reliefs tandis que certaines entrées sont encadrées de sculptures en ronde bosse, humaines et animalières. A l’intérieur de nombreuses sculptures sont taillées dans le roc, tandis que les parois sont ornées de peintures murales représentant des scènes traditionnelles (Vingt-huit Bouddhas du passé ; vies antérieures du Bouddha et vie du Bouddha historique) ainsi que des scènes profanes. Ces œuvres s’échelonnent sur quatre siècles, entre le XVI e siècle et la période coloniale. Illustrant une gamme des réalisations de l’Art Birman et de son évolution, elles témoignent d’un profond syncrétisme où s’harmonisent les croyances populaires pré-bouddhiques, les principes du Bouddhisme Theravâda et de multiples influences étrangères.

Séance du 17 Mai 2013

Séance du 12 avril 2013

1-Lecture du procès-verbal de la séance précédente.

2- Décès :

  • Madame Egly Alexandre, entrée en 1965 à la Société Asiatique sous le parrainage de Messieurs Philippe Stern et Jean Naudou.

3- Communications :

  • Madame Nathalie MONNET, Conservateur en chef, chargée des collections chinoises et des fonds de Dunhuang, département des Manuscrits, Bibliothèque nationale de France, présente une communication intitulée : « L’usage parcimonieux de la couleur dans les estampages chinois ».

Deux camps s’opposent dans la culture visuelle de la Chine traditionnelle. Le premier exploite les effets de la polychromie par l’usage de tons éclatants, en opposition avec la monochromie, ou l’usage très modéré de la couleur prôné par l’autre camp. C’est parmi les adeptes de cette deuxième catégorie que s’est développée la peinture de lavis si caractéristique de l’esthétique du lettré chinois et c’est dans ce même milieu que le genre de l’estampage levé à l’encre noire n’a cessé d’être apprécié depuis au moins le VIIe siècle. Les estampages en couleur transgressent les codes d’une tradition de culture visuelle vers l’autre. Ils ne forment qu’un infime pourcentage dans les grandes collections muséographiques majoritairement en noir, ce qui fait de ces feuillets colorés des spécimens exceptionnels qui n’ont, semble-t-il, pas fait l’objet de recherches. Leur étude est ici préliminaire. Il n’est pas possible de situer les débuts de la technique, par manque de spécimens datés et d’information textuelle. En l’absence d’indices sur la fabrication, le seul élément de datation est celui de l’acquisition qui ne permet pas de remonter au-delà de la dynastie des Qing (1644-1911), même si une antériorité n’est pas exclue. La reproduction en couleurs vives d’images ordinairement en noir et blanc ajoute une valeur, le problème étant de savoir laquelle. Il n’est pas question ici de valeur monétaire, même si les encres colorées ont toujours été plus onéreuses et que la technique requiert le savoir-faire d’un artisan spécialisé probablement mieux rémunéré. Ces facteurs ont pu faire obstacle à la propagation de la technique mais n’expliquent pas pourquoi l’usage de la couleur est resté exceptionnel. Bien qu’il s’agisse d’une production artistique, ce n’est pas sous l’angle de l’esthétique mais sous l’angle de l’analyse paratextuelle que le sujet est abordé. L’emploi de touches colorées semble constituer un code employé pour ajouter un second message au premier transmis par les seuls traits de l’image. La coloration n’altère pas le contenu premier de l’image mais affecte implicitement son sens et informe notamment sur le statut de l’œuvre ou sa raison d’être. Lorsque la couleur est appliquée, l’estampage acquiert une vertu unique et une fonction spéciale. Hors contexte, il est difficile d’expliquer les raisons du recours à la couleur, mais des indices permettent de deviner quelques règles qui président à ce choix. Le rouge reste la couleur favorite, avec ses déclinaisons en vermillon, orange et rose. Ces couleurs sont celles de la réjouissance et signalent, par exemple, la découverte d’un objet ou d’une inscription. Le rouge est également chargé d’une puissance protectrice et des personnages, des thèmes ou des textes sont plus susceptibles que d’autres d’être estampés avec cette couleur.

  • Monsieur Jean-Claude CHABRIER, diplômé des Langues orientales, docteur en médecine, docteur en musicologie-études-islamiques et docteur en musicologie (analyses de musiques traditionnelles), présente une communication intitulée : Un bastion syriaque orthodoxe en Turquie. Le monastère de Mor Gabriel ».

Le monastère de Mor Gabriel, fondé en 397, maintes fois saccagé et objet d’une restauration spectaculaire entre 1972 et 2013. Les pierres sèches ont reçu des enduits en retrait et les fenêtres sont encadrées par des frises de style régional. On a créé des cours et des salles de réunions. On a dégagé le sanctuaire-Est à nacelle Nord-Sud de sa gangue de terre. La rotonde de Théodora, l’ancien réfectoire et la crypte ont été préservés. On a restauré le sanctuaire-ouest. Les terres entourant le monastère ont été défrichées et entourées d’un haut mur circulaire qui empêche les envahisseurs kurdes de lâcher leurs chèvres dans les vergers des chrétiens selon leur habitude constante. Cette communication à partir d’un film de 1957 et d’une vidéo de 2010 est faite par un orientaliste musicologue familier des lieux depuis plus d’un demi-siècle. Un plan de la visite sera distribué à l’assistance et, après la communication, cette vidéo rejoindra les vidéos des liturgies assyrienne, chaldéenne et syriaques sur le site christos.fr de l’auteur. L’auteur remercie Mgr Mor Timotheos Samuel Aktaş, igoumène, qui le reçoit presque chaque année et Mgr Mor Severios Hazail Soumi, archevêque pour la France et la Belgique qui a bien voulu interpréter les inscriptions en syriaque.

Séance du 12 Avril 2013

Séance du 22 Mars 2013

1-Lecture du procès-verbal de la séance précédente.

2- Communications :

  • Madame Annie BERTHIER, Conservateur général honoraire, BnF, manuscrits orientaux, présente une communication intitulée : « Istanbul. 1793. L’étrange destin des bagages du citoyen Sémonville, ambassadeur de la République française auprès de la Porte ottomane. »

L’histoire de la représentation française à Constantinople pendant la Révolution est celle d’une période troublée et complexe, pleine d’embûches pour ceux qui circulent. Déjà bien connue par diverses études, l’année 1793 voit le remplacement de l’ambassadeur Choiseul-Gouffier dans des conditions bien particulières : son successeur désigné, Charles-Louis Huguet de Sémonville, alors ministre plénipotentiaire à Turin (fin renard surnommé par Talleyrand « le chat », qui réussit à traverser la tourmente révolutionnaire jusqu’à l’empire sans cesser d’être présent) n’arrive jamais à Constantinople, fait prisonnier en route par des sbires autrichiens dans les Grisons suisses, et dépouillé de « tout ce qu’il portait sur lui » ; prisonnier pendant deux ans, il est libéré en échange de Madame Royale, la fille de Louis XVI en décembre 1795 ; une part importante de ses bagages ayant suivi la route maritime arrive à bon port à Constantinople, en compagnie de quelques membres de son personnel. La succession de Choiseul-Gouffier n’est assurée qu’en 1795 à l’arrivée du nouvel ambassadeur Verninac ; pendant les mois de vacance du poste, ce sont des intérimaires qui représentent la République sur place, ne manquant pas de s’affronter. Conservée à la BnF, une grande partie de la correspondance de Félix Hénin, envoyé à Constantinople en même temps que le citoyen Descorches pour tenter de démêler les affaires, est consacrée aux « effets du citoyen Sémonville », caisses (avec des présents, soieries et dentelles, draps d’or et d’argent destinés à Sélim III, des diamants, peut-être des bijoux de la couronne) et personnel ; entreposées dans le magasin du marchand Borrely, les caisses deviennent l’enjeu d’une guerre entre les résidents français ; quant au personnel, maître d’hôtel, femme de chambre, ils n’échappent pas aux risques du voyage. Cet exemple permettra d’apporter au dossier des éléments sur les risques encourus sur les chemins si fréquentés qui reliaient la France à la capitale ottomane.

  • Monsieur François DELPECH, directeur de recherche honoraire au CNRS et associé à l’UMR 7192, présente une communication intitulée : « Entre Le Roman des sept sages de Rome et le Panchatantra : remarques sur les variations d’un thème narratif transculturel »

Un bref récit médiéval européen, figurant dans plusieurs versions du Roman des sept sages de Rome, où est relatée l’origine supposée du culte de Janus, a été comparé à un conte du Panchatantra relatif aux aventures d’un tisserand qui se serait fait passer pour le dieu Vichnou, grâce à un artifice mécanique. Le thème de la pseudo-théophanie est effectivement commun aux deux textes, mais il est risqué d’affirmer, comme on a pu le faire, que le conte indien est la ”source”, directe ou indirecte, du récit occidental. On examinera quelques versions et variantes du thème fictionnel qui, entre mythe, légende, conte folklorique et littérature savante, sous-tend ces deux textes, et on se demandera dans quelle mesure ce cycle narratif migratoire, tout en s’adaptant aux schèmes culturels spécifiques des diverses sociétés qu’il a traversées, reflète peut-être aussi certaines composantes de leurs héritages communs.

Séance du 22 Mars 2013

Séance du 1er février 2013

1-Lecture du procès-verbal de la séance précédente.

2- Communications :

  • Monsieur Robert DUQUENNE, membre retraité de l’EFEO, collaborateur à la rédaction de la revue Höbögirin, présente une communication intitulée : « Vocables indiens en japonais autochtone. Quelques cas spécifiques et d’autres spécieux.

Résumé : Sans prétendre apparenter le japonais à aucune langue indoeuropéenne, bien entendu, il y a lieu de revenir sur plusieurs vocables japonais autochtones (et non sino-japonais) dont déjà certains lettrés des XVIIIe-XIXe siècles pressentaient l’origine indienne, ce que confirme à la fin du XIXe la connaissance des textes originaux par l’intermédiaire de la philologie occidentale.

Ikari « ancre » est un exemple mal choisi, mais en reniant son article sur ce vocable qu’il s’était efforcé de rattacher au sanskrit larikoza « ornement , équipement (d’un navire) »,Sylvain Lévi a du coup condamné à l’impasse une voie où l’avait engagé son intérêt pour le rayonnement de l’Inde inpartibus ; une voie qui permet d’entrevoir certaines influences indiennes indépendantes du bouddhisme : influences minimes, il est vrai, et à juger cas par cas, mais qui touchent à l’esprit d’une langue et à la nature d’une tradition orale.

Outre le vocabulaire proprement bouddhique, qui s’est transmis au japon en traduction chinoise ou dans des transcriptions phonétiques créées en Chine pour respecter l’acception spécifique de tel vocable indien dans son usage bouddhique, le vocabulaire japonais autochtone comprend plusieurs vocables à la fois homophones et synonymes de mots indiens d’usage courant et profane, tels kusa = sk..kusa, « herbe » (que le chinois traduit : cao) ou muda = mudha « en vain », voire l’enfantin : oppai lolo nénet = payas « lait » précédé de o –honorifique. Ce dernier vocable, plus particulièrement, qui n’est pas attesté (écrit) avant 1833, témoigne qu’à toute époque et à tous les niveaux, la langue autochtone a conservé des ressources propres en dépit de l’afflux des vocables empruntés au chinois puis aux langues occidentales : originellement non écrite, elle a maintenu un lien privilégié avec le sanskrit ; cultivé jusque dans sa propre poésie l’idée d’une relation immédiate entre son et sens, le fondement établi (siddham) de cette autre langue de tradition essentiellement orale et qualifiée de « parfaite » , de langue de Brahma , pure, (bongo). De même que les lexiques bouddhiques chinois des VIIIe-IXe siècles, elle peut avoir conservé des sens antérieurs à ceux qu’ont retenus les lexicographes indiens, et à leur suite, les dictionnaires occidentaux.

  • Monsieur Benoit LURSON, Maître de conférences à la Frei Universität de Berlin , présente une communication intitulée : « Trois campagnes de fouilles dans le temple contigu au Ramesseum (2010-2012)

Résumé : Parmi les éléments qui distinguent le Ramesseum, construit par Ramsès II (env. 1279-1212), des autres temples élevés par les pharaons du Nouvel Empire (env. 1543-1078) sur la rive gauche de Thèbes (Louxor), se trouve un petit monument qui touche au Ramesseum sur son côté nord : le temple contigu. Ce monument présente deux particularités. La première est d’avoir été consacré par Ramsès II à sa mère, la reine Touy, mais peut-être aussi à Néfertari, la grande épouse royale. La seconde est d’être un temple double, c’est-à-dire que les espaces s’y succèdent le long de deux axes parallèles et non d’un axe principal et central. Le temple a fait l’objet d’une première prospection archéologique dans les années 1930, puis de dégagements de surface dans les années 1970. Depuis 2010, il est l’objet d’une nouvelle fouille, systématique cette fois. L’objectif de cette fouille est bien sûr une reconstitution de la chronologie du site. Ceci étant, à terme, le projet vise aussi une restitution de l’architecture du monument et de sa décoration. Encadrée par un contrat de coopération entre le Centre National de la Recherche Scientifique et la Freie Universität Berlin, la fouille est financée par la Fritz Thyssen Stiftung. Ce sont les résultats des trois premières campagnes qui seront présentés ici.

Séance du 18 janvier 2013

1-Lecture du procès-verbal de la séance précédente.

2-Nouveaux membres :

  • Monsieur Theerapong James Inthano, ATER et Doctorant à l’INALCO, spécialisé en langue et littérature thaï, présenté par Messieurs Jean-Louis Bacqué-Grammont et Michel Antelme.
  • Monsieur Didier Davin, ATER au Collège de France, spécialisé en bouddhisme japonais, présenté par Messieurs Jean-Noël Robert et Franciscus Verellen.

3- Communications :

  • Monsieur Dominique BEYER, directeur de la mission archéologique française Porsuk depuis 2003, présente une communication intitulée :« Zeyve höyük-Porsuk : Une fouille hittite au pied du Taurus ».

Résumé : En hommage au Professeur Olivier Pelon, ancien directeur de la mission française, décédé il y a quelques semaines, on présentera un bilan des recherches menées depuis 1969 jusqu’à nos jours sur ce site de Cappadoce méridionale, fondé au XVIIe siècle av. J.-C., période où se forme l’ancien royaume hittite et où Hattusili Ier et ses fils s’intéressent particulièrement à ce qui apparaîtra plus tard dans la documentation écrite sous le terme de Bas Pays hittite. Le site fortifié occupe un emplacement stratégique important, au débouché de plusieurs vallées contrôlant les accès aux Portes Ciliciennes d’une part, et par là aux régions du Levant, et d’autre part aux voies de communications vers la plaine de Konya à l’ouest. En outre les Hittites, mais aussi leurs divers successeurs dans le temps, ont été attirés par les riches gisements métallifères (argent surtout) de la chaîne des montagnes du Taurus. Les travaux de fouille ont été compliqués par la présence d’épaisses couches archéologiques, le site ayant été occupé durant l’Âge du Fer, les périodes hellénistique et romaine, la dernière occupation correspondant à une nécropole chrétienne médiévale. Dans le cadre de cette présentation seront évoqués les résultats concernant les périodes hittite et néo-hittite.

  • Monsieur Mirjo SALVINI, directeur émérite de l’Institut sur les civilisations de l’Egée et du Proche Orient (Consiglio Nazionale delle Ricerche) Rome, présente une communication intitulée : Le “ Voyage littéraire ” de Friedrich Eduard Schulz en Asie occidentale (1827) et la découverte de la civilisation de l’Urartu

Résumé : La mission d’étude du jeune savant allemand Friedrich Eduard Schulz, l’un des premiers membres de la Société Asiatique, fut nommée « Voyage littéraire » par l’Iraniste M. Saint-Martin, son mécène et protecteur, qui publia en 1828 dans le Nouveau Journal Asiatique une « Notice sur le voyage littéraire de M. Schulz en Orient, et sur les découvertes qu’il a faites récemment dans les ruines de la ville de Sémiramis en Arménie ». Selon les instructions du ministre des affaires étrangères français il aurait dû atteindre la légendaire « Ville de Sémiramis », et également chercher les documents du zoroastrisme ; mais sa mort tragique à l’âge de 30 ans, trois années après son départ de Paris, l’empêcha de continuer ses recherches. Son mérite principal, résultat de son premier voyage en Turquie Orientale dans l’été 1827, est la révélation de la civilisation du Royaume d’Urartu qui se développa sur le haut plateau arménien du IXè au VIIè siècle avant Jésus-Christ. Les 42 inscriptions cunéiformes qu’il découvrit et copia soigneusement sur le Rocher de Van, la Shamiramakert (Ville de Sémiramis) de la tradition arménienne, et dans ses alentours, furent publiées posthumes dans le Journal Asiatique de 1840. Ces textes nourrirent les travaux des orientalistes, qui aboutirent au milieu du XIXè siècle au déchiffrement de l’écriture cunéiforme. Les notes de ses voyages inédites font l’objet d’un long travail d’édition.

  • Observations :Madame Laure Feugère et Messieurs Pierre-Sylvain Filliozat, Dominique Charpin, Jean-Marie Durand.

Séance du 18 Janvier 2013

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Les comptes rendus des séances de la Société Asiatique sont publiés dans le fasc. 2 du Journal asiatique de chaque volume annuel.


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