Société asiatique Jean-Michel MOUTON

Communications :

Monsieur Jean-Michel MOUTON, Directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Histoire et archéologie des mondes musulmans, correspondant de l’AIBL
a présenté les communications suivantes lors des séances du vendredi :

Séance du 14 janvier 2011

« Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï, histoire et archéologie ». La forteresse de Sadr dont les ruines dominent aujourd’hui le désert de l’Errance, au cœur du Sinaï, constitue le témoignage archéologique le plus authentique laissé au Proche-Orient par le célèbre sultan Saladin (1171-1193). Cette place forte dont il ordonne la construction en pleine époque des Croisades est abandonnée moins d’un siècle plus tard lorsque les membres de sa dynastie, les Ayyoubides, ont écarté le danger représenté par les Francs rendant caduque l’intérêt stratégique du lieu. Durant les quelques décennies où elle fonctionne, Sadr est tour à tour ou de façon concomitante un avant-poste du jihâd et de la reconquête de la ville sainte de Jérusalem, une place-frontière protégeant le territoire égyptien, une étape caravanière pour les marchands et les pèlerins ainsi qu’une prison pour les émirs rebelles.
De 2001 à 2005, une mission archéologique a fouillé ce site. Au moment de la parution de ces fouilles à l’AIBL, la présentation portera sur les principaux résultats campagnes depuis l’étude de son système défensif élaboré jusqu’à son adaptation remarquable au milieu désertique où elle se dresse. Sadr est cependant bien plus qu’une simple forteresse à vocation militaire : la place centrale occupée au centre de l’édifice par plusieurs mosquées traduit une dimension religieuse tout à fait originale. C’est aussi la vie d’une garnison à l’époque des Croisades qui sera restituée, dans toute sa diversité ethnique et sociale et à travers sa culture matérielle, ses activités militaires, ses pratiques religieuses et profanes ou encore ses pratiques alimentaires. Les découvertes effectuées sur ce site permettent en effet de dresser une vaste fresque présentant une société castrale au temps de Saladin.

Séance du 18 mars 2016

« Portes et murailles de Damas à l’époque médiévale ». La vieille ville de Damas, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, a conservé son enceinte de 4,5 km sur presque toute sa longueur. Entre 2008 et 2011, une mission archéologique composée de chercheurs français et syriens (UMR 7192 « Proche-Orient-Caucase : langues, archéologie, cultures » – DGAM) a travaillé au relevé et à l’étude de ce monument qui dans son état actuel date pour l’essentiel du Moyen-Âge. Les données collectées sur place ont été confrontées à une abondante documentation textuelle (inscriptions et textes littéraires) et aux photographies anciennes qui ont préservé des états antérieurs de la muraille emportés par les aménagements urbains récents.
Cette communication se propose de présenter les résultats des travaux conduits sur cette enceinte en envisageant d’abord les phases de construction et les évolutions de son tracé depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Âge ainsi que les modifications apportées sur les sept portes de la ville. Seront ainsi dégagées les périodes où d’importantes transformations se sont produites dans l’aménagement des défenses de la ville, notamment à l’époque des croisades, pour répondre aux nouvelles techniques de siège menaçant directement cette capitale des États musulmans.
Au-delà de sa fonction défensive, l’enceinte urbaine occupait un rôle fondamental dans la vie sociale et religieuse de la cité. Elle incarnait l’identité urbaine : c’est en effet toute l’histoire de la ville qui était conservée dans ces pierres où les remplois antiques étaient nombreux et souvent mis en valeur dans les nouvelles constructions. Les murs et surtout les portes étaient aussi des espaces d’expression du pouvoir et de propagande politique et religieuse. Cet aspect souvent négligé de la muraille a cependant été essentiel pour sa préservation depuis la fin du Moyen Âge, époque où elle a cessé de protéger la ville.

Séance du 17 janvier 2020

« La forteresse médiévale d’Abu l-Hasan au Liban ». La forteresse d’Abu l-Hasan, située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Sidon, sur les premières pentes du mont Liban, est fouillée depuis 2017 par une équipe franco-libanaise (UMR 7192 : Proche-Orient, Caucase – Université libanaise). Cette forteresse n’était jusque-là connue que par quelques mentions éparses dans les textes latins et arabes de l’époque des croisades qui évoquaient les différents sièges ayant entraîné son rattachement soit au royaume latin de Jérusalem, soit à la principauté musulmane de Damas sous le règne de Saladin (1174-1193).
Les trois campagnes conduites sur le site ont permis de préciser ces différentes phases d’occupation et surtout de révéler une occupation du site beaucoup plus longue que celle indiquée par les textes. La présentation de la forteresse et de ces différents édifices, son rôle stratégique de poste-frontière entre les États chrétien et musulman ainsi que les nouvelles données sur la vie quotidienne de ses occupants feront l’objet de cette présentation.


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