Société asiatique Annie BERTHIER

Communications :

Madame Annie BERTHIER, Conservateur général honoraire, BnF, manuscrits orientaux, a présenté les communications suivantes lors des séances du vendredi :

Séance du 22 mars 2013

« Istanbul. 1793. L’étrange destin des bagages du citoyen Sémonville, ambassadeur de la République française auprès de la Porte ottomane. »

L’histoire de la représentation française à Constantinople pendant la Révolution est celle d’une période troublée et complexe, pleine d’embûches pour ceux qui circulent. Déjà bien connue par diverses études, l’année 1793 voit le remplacement de l’ambassadeur Choiseul-Gouffier dans des conditions bien particulières : son successeur désigné, Charles-Louis Huguet de Sémonville, alors ministre plénipotentiaire à Turin (fin renard surnommé par Talleyrand « le chat », qui réussit à traverser la tourmente révolutionnaire jusqu’à l’empire sans cesser d’être présent) n’arrive jamais à Constantinople, fait prisonnier en route par des sbires autrichiens dans les Grisons suisses et dépouillé de « tout ce qu’il portait sur lui » ; prisonnier pendant deux ans, il est libéré en échange de Madame Royale la fille de Louis XVI en décembre 1795 ; une part importante de ses bagages ayant suivi la route maritime arrive à bon port à Constantinople, en compagnie de quelques membres de son personnel. La succession de Choiseul-Gouffier n’est assurée qu’en 1795 à l’arrivée du nouvel ambassadeur Verninac ; pendant les mois de vacances du poste, ce sont des intérimaires qui représentent la République sur place, ne manquant pas de s’affronter. Conservée à la BnF, une grande partie de la correspondance de Félix Hénin, envoyé à Constantinople en même temps que le citoyen Descorches pour tenter de démêler les affaires, est consacrée aux « effets du citoyen Sémonville », caisses (avec des présents, soieries et dentelles, draps d’or et d’argent destinés à Sélim III, des diamants, peut-être des bijoux de la couronne) et personnel ; entreposées dans le magasin du marchand Borrely, les caisses deviennent l’enjeu d’une guerre entre les résidents français ; quant au personnel, maître d’hôtel, femme de chambre, ils n’échappent pas aux risques du voyage. Cet exemple permettra d’apporter au dossier des éléments sur les risques encourus sur les chemins si fréquentés qui reliaient la France à la capitale ottomane.


© 2020/02 – Textes et conception des pages Société Asiatique : Georges-Marie CHATELAIN – tous droits réservés.
Pour toute demande de modification ou renseignement :
Envoyer un courriel à Georges-Marie Chatelain