Société asiatique Senart, Émile

(Reims 1847 – Paris 1928)

 

Portrait : É. Senart vers la fin de sa vie – © Société Asiatique

 

Dans la notice qui lui est consacrée par son disciple Alfred Foucher en 1928, c’est l’implication complète d’Émile Senart dans l’action orientaliste française qui est mise en avant : aussi « est-ce toujours lui qu’on trouve à l’origine de toutes les missions archéologiques qui, au cours de ses trente dernières années, ont travaillé aux Indes, en Asie centrale, en Chine ou en Afghanistan. Et ces missions, il ne les a pas seulement inspirées, organisées, voire subventionnées ; il les a suivies en esprit, avec un intérêt passionné et qui ne s’est jamais ralenti, aussi bien au cours de leurs pérégrinations lointaines qu’après leur retour, au fur et à mesure de la publication de leurs résultats. »

 

Sanskritiste et épigraphiste d’une grande distinction en même temps qu’administrateur d’une compagnie privée et conseiller général de la Sarthe, É. Senart était également connu de tous par la variété et l’étendue de ses réseaux sociaux, français et internationaux. Né d’une famille appartenant à la bourgeoisie champenoise, Senart avait suivi des études philologiques en Allemagne avant de côtoyer, à son retour à Paris, les grands noms de l’orientalisme à la Société Asiatique (où il est admis en 1868) et d’effectuer un voyage scientifique en Inde en 1887-1888. Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1882, on lui doit des études originales sur les Upanishads et sur le bouddhisme, avec des ouvrages qui ont fait date et l’ont fait considérer dans le premier tiers du XXe siècle comme l’un des maîtres des études indiennes : Essai sur la légende du Bouddha (Paris, 1875), Les inscriptions de Piyadasi (publication de la Société Asiatique, 2 vol., 1881-1886), Le Mahâvastu (Collection d’ouvrages orientaux de la Société Asiatique, 3 vol., 1882-1898), enfin un ouvrage sur Les castes dans l’Inde (Paris, 1896).

 

Vice-président de la Société Asiatique en 1890, il la présida ensuite de 1908 à sa mort. Cette double décennie correspond à une époque de grandes prospérité et notoriété scientifiques pour la Société, qui fut marquée notamment par la célébration de son centenaire en 1922.
S’il a fait à la Société l’un des dons financiers les plus importants qu’elle ait reçus, c’est par le legs des papiers d’Alfred Foucher qu’une partie des papiers de Senart est entrée dans les collections de la Bibliothèque.

 

 

Voir :

– A. Foucher, « Émile Senart », Journal asiatique CCXII, 1928, p. 5-18.

– A. Fenet, « « Au-dessus des intérêts strictement nationaux » : la correspondance orientaliste de Senart à Snouck Hurgronje de 1909 à 1927 », Deshima, Revue d’histoire globale des pays du Nord 9, n° spécial Correspondance savante entre la France et les Pays-Bas, 2015, p. 23-46.