Séances Séance du 25 février 2022

– Communication de de Mmes Corinne Bonnet, correspondant étranger de l’Académie, Gabriella Pironti, directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études, Ve section, sous le patronage du Président Henri LAVAGNE et de M. John SCHEID : « Athéna Obrimopatrè (« Au père puissant ») : les dieux d’Homère au prisme de la parenté ».

Résumé : En partant d’Hérodote II, 53, on rappellera que les Grecs voyaient en Homère et Hésiode ceux qui avaient, dans la narration poétique, doté les dieux de tous les éléments dessinant les contours de leur puissance. Noms, formes, compétences, modes d’actions et filiations, rigoureusement au pluriel et en réseaux, construisent des divinités complexes qui se définissent à travers les relations qu’ils entretiennent. La poésie épique offre, sur ce plan, un terrain d’enquête d’une grande richesse pour explorer les logiques polythéistes qui sont à l’œuvre dans le tissu narratif. Loin d’être des figures purement littéraires et fictionnelles, les dieux d’Homère doivent être pris au sérieux pour pénétrer les multiples registres de la représentation du divin et mettre en lumière les relations cruciales entre acteurs divins et acteurs humains. Tant dans l’Iliade que dans l’Odyssée, les enjeux liés à la parenté, pour les hommes comme pour les dieux, sont omniprésents ; ils constituent même le rouage narratif principal de l’intrigue. Comme la Théogonie d’Hésiode, l’épopée sanctionne en effet le règne définitif de Zeus et organise, autour du souverain divin, d’innombrables réseaux de parenté. Nous nous focaliserons sur Athéna, la Dios kourè, et sur l’épisode final de l’Odyssée où, au nom du Père, l’Obrimopatrè rétablit la concorde à Ithaque et l’« accomplissement des bonnes choses », comme l’exprime une inscription de Lesbos du IVe siècle av. n.è.