Séances Séance du 18 octobre 2019

– Communication de Mme Annie Caubet, correspondant de l’Académie : « La figure féminine nue et les pictogrammes au IVe millénaire. »

Résumé : Dans un ouvrage récent, l’auteur traitait de figures anthropomorphes, nées dans des cultures étalées dans l’espace de la péninsule ibérique jusqu’à la vallée de l’Indus. La période retenue correspond au Néolithique final, caractérisée par des communautés villageoises agricoles, débouchant sur la révolution urbaine au début de l’âge du Bronze. L’évolution des sociétés peut s’observer au travers de traits techniques et culturels comparables à travers l’espace. L’auteur prend l’exemple des statuettes de pierre, dont l’élaboration nécessite l’intervention d’artistes maîtres de leur matériau. Expressions visuelles de concepts métaphysiques complexes, ces oeuvres obéissent à des impératifs iconographiques qui vont se diversifiant dans le temps. Au départ, la figure féminine nue héritée de la Préhistoire domine l’imagerie. D’apparence souvent stéatopyge, elle est appelée « déesse mère » par convention, bien que son identité soit ambiguë. Au 3e millénaire, le répertoire iconographique s’élargit aux images d’êtres humains définis par leur position sociale, face à des figures de divinités à l’identité spécifique. Entre ces phases se situe un phénomène de courte durée, datable des environs de 3300-3000, et caractérisé par l’apparition d’oeuvres schématisées tendant à l’abstraction. Idoles aux yeux ou idoles en violon sont étonnamment comparables, de la Méditerranée à l’Asie Centrale, malgré les variantes locales. Cette phase correspond, en Mésopotamie et en Égypte, à la naissance des premiers types d’écriture, pictographiques dans leurs commencements. L’écriture évolue ensuite vers les systèmes hiéroglyphique et cunéiforme, tandis que l’imagerie revient au figuratif naturaliste et idéalisé, dans un répertoire iconographique étendu. L’auteur propose de comprendre les idoles schématiques de cette courte phase intermédiaire comme un autre système de signes, parallèle à celui des débuts de l’écriture.