Séances Séance du 12 février

Note d’information de M. François DOLBEAU, membre de l’Académie : « Fragments méconnus d’une lettre d’Augustin « à Adéodat et d’autres serviteurs de Dieu ».

Résumé : Le Milleloquium veritatis sancti Augustini est le plus grand florilège augustinien du Moyen-Âge. Son auteur, Barthélemy d’Urbino († 1350), y cite l’incipit et quatre fragments d’une lettre d’Augustin, « ad Adeodatum et ceteros seruos Dei », absente des répertoires. Les données externes sont favorables à l’authenticité : l’Indiculus de Possidius mentionne un Adéodat parmi les correspondants d’Augustin, et Barthélemy d’Urbino avait accès à des lettres très rares, comme l’epistula 79 et l’Ad catholicos. L’analyse interne de la langue et du style ne révèle pas de discordances avec l’usage d’Augustin. Une longue citation du Catilina de Salluste laisse penser que cette lettre à Adéodat fut expédiée durant la préparation de la Cité de Dieu, à partir de 411.

Mots clefs : Augustin, Barthélemy d’Urbino, lettres, florilège, fragment

Abstract : The Milleloquium veritatis sancti Augustini is the biggest augustinian anthology, compiled during the Middle Ages. There, Bartolomeo Carusi († 1350) excerpts the first words and four extracts of a letter, « ad Adeodatum et ceteros seruos Dei », missing in modern check-lists. External data give support to genuineness : Possidius’ Indiculus mentions the name Adeodatus among Augustine’s correspondents, and Bartolomeo gained access to very rare letters, namely Epistula 79 or Ad catholicos. Internal analysis of language and style does not display incompatibility with augustinian usage. A long quotation of Sallust’s Catilina implies that the letter « ad Adeodatum » was sent not before 411, when Augustine had already begun to collect materials for The City of God.

Key-words : Augustine, Bartolomeo Carusi, letters, florilegium, fragment

Communication de Mme Sylvie Cauville, Directeur de recherche au CNRS, sous le patronage de M. Nicolas GRIMAL : « De Cléopâtre-Hathor-Isis à Auguste-Pépi. ».

« De Cléopâtre-Hathor-Isis à Auguste-Pépi. » from Académie des Inscriptions on Vimeo.

Résumé : La légitimité et la continuité dynastiques ont été au centre des préoccupations des pharaons au cours de trois mille ans de civilisation égyptienne. Le père de Cléopâtre fit afficher cette prétention dans les grands temples du pays, notamment à Edfou qui est le berceau de la royauté d’Horus-pharaon. C’est sans doute en remplaçant son père lors de l’ultime cérémonie qui s’est déroulée dans ce temple que Cléopâtre a conçu l’idée de construire un nouveau temple à Dendara, pour y exalter la royauté féminine. Cléopâtre s’assimile insensiblement à Hathor fille aînée de Rê et à Neith la sage guerrière ; animée de l’esprit de ces déesses, elle devient une femme politique avisée. Devenue mère de Césarion, elle se transforme en Isis, la gardienne du trône, qui doit veiller constamment sur l’héritage de son fils posthume. Cette conceptualisation de la royauté divine s’est opérée à Dendara grâce à deux hommes d’Edfou, munis de tous les pouvoirs terrestres et spirituels ; ils furent remerciés par la reine elle-même qui leur octroya le bandeau d’or. Dès la mort de la reine, Auguste s’installe à Dendara, les deux hommes sont écartés. Par reconnaissance, le nouveau maître d’œuvre, héritier d’une longue famille de prêtres tentyrites, installe le souverain romain en Pépi Ier, l’antique mécène de Dendara vers 2200 av. J.-C. Qui aura triomphé pour la postérité : la reine-déesse, femme politique très avisée ou bien Auguste, le fondateur de l’Empire ? Quoi qu’il en soit, tous deux sont désormais immortalisés conjointement sur la magnifique façade du temple d’Hathor.

Mots clefs : Cléopâtre, Césarion, Auguste, Dendara, Hathor.