Manifestations Médailles de l’Académie – XVIIe siècle

Médailles de l’Académie – XVIIe siècle

E-exposition Mars 2013

 

Fondée en 1663 sous le règne de Louis XIV et à l’initiative de Colbert, l’Académie était, à l’origine, chargée de trouver les devises latines et françaises destinées à être inscrites sur les édifices, les médailles et les monnaies du roi.
A partir de 1683, l’Académie des inscriptions et médailles s’attacha à la composition de grandes médailles perpétuant le souvenir des actions héroïques du Roi-Soleil et à l’élaboration de devises destinées aux jetons des membres des divers conseils.
C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui, dans les Registres-journaux de l’Académie (comptes rendus des séances de l’Académie naissante), ces dessins et descriptions de médailles, réalisées à la demande du roi, tant pour magnifier ses exploits que pour fêter un évènement, commémorer une victoire militaire, ou être offertes en présents lors de visites d’État.

 

En voici quelques exemples, sous lesquels figurent les textes les décrivant :

 

-Commémoration du début du règne personnel de Louis XIV en 1161 (Registre-journal du 11 décembre 1694).

-Félicité de la France sous la règne de Louis Le Grand (Registre-journal du 18 janvier 1695).

-Commémoration de la création de l’Académie Royale des Sciences (Registre-journal du 25 juin 1695).

-Médaille sur les appartements du Roi (Registre-journal du 14 janvier 1698).

-Médaille pour la longue durée de la postérité de Louis Le Grand (Registre-journal du 1er février 1698).

-Les fortifications de Strasbourg (Registre-journal du 26 avril 1698).

-Création de l’ordre de saint Louis (Registre-journal du 26 août 1698).

Registre-journal du 11 décembre 1694 Commémoration du début du règne personnel de Louis XIV en 1661.

 

 

« Après la mort du Cardinal Mazarin, Sa Majesté résolut de prendre elle-même le soin de ses États et de s’appliquer uniquement à assurer le bonheur de ses sujets. Par cette sage résolution Le Royaume changea bientôt de face, les abus qui s’étaient glissés dans l’administration de la justice et dans le maniement des finances furent reformés, les Arts et les Sciences refleurirent, et l’abondance qui régna partout, fit oublier en peu de temps les maux qu’une longue guerre avait causés.

 

 

C’est pour exprimer ces heureux effets de l’application du Roi aux affaires qu’on l’a représenté dans cette médaille sous la figure d’Apollon assis sur un globe orné de trois fleurs de lys. Il tient de la main droite un gouvernail pour montrer qu’il conduit lui-même toutes choses dans son État. Et de l’autre main une lyre symbole de la parfaite harmonie de toutes les parties de l’Empire français. Les mots Ordo et felicitas signifient que la félicité de la France vient de cet ordre et de cet accord admirables. Et les paroles de l’exergue, Curas Imperii capessente MDCLXI veulent dire qu’en l’année 1661 le Roi a pris lui-même le gouvernement de ses États. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »

Registre-journal du 18 janvier 1695 Félicité de la France sous la règne de Louis Le Grand

 

 

« Cette médaille fut battue en l’année 1663 lorsque la France était en paix avec tous ses voisins et jouissait des avantages que les victoires du Roi lui avaient procurés. Le Roi y est représenté sous la figure d’Apollon, tant parce que le soleil est le corps de sa devise, que pour signifier qu’il est le protecteur des beaux arts. La branche d’olive qu’il tient en sa main est le symbole de la paix comme la corne d’abondance est le symbole du bonheur. Les deux mots Felicitas temporum veulent dire La félicité de la France sous le règne de Louis Le Grand. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »

 

Registre-journal du 25 juin 1695 Commémoration de la création de l’Académie Royale des Sciences

 

 

 

« Comme il n’est rien qui rende un royaume plus florissant que les sciences et les beaux arts. Le Roi après avoir envoyé des gratifications, non seulement dans le royaume, mais même dans les pays étrangers à tous ceux qui s’étaient signalés par les lettres, établit sous le nom d’Académie de Sciences une assemblée particulière de ce qu’il y avait d’hommes plus savants en géométrie, en astronomie et en physique pour perfectionner ces sciences, et faire part de leurs observations au public. Ils s’assemblent dans la bibliothèque du Roi. C’est là que deux fois la semaine ils tiennent leurs conférences et on leur doit un grand nombre de nouvelles découvertes.

 

 

 

 

C’est le sujet de cette médaille, on y a représenté Apollon. Il tient sa lyre et il a près de lui le trépied d’où sortent ses oracles. On y voit aussi une pendule, un globe, un squelette et plusieurs instruments de mathématiques. Les mots de la légende Apollo Palatinus font allusion à la fameuse bibliothèque d’Augusti qui était à côté du temple d’Apollon dans l’enceinte du Palais de cet empereur. On lit à l’exergue Academia Regia scientiarum instituta, c’est-à-dire l’Académie Royale des Sciences, établie 1667. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »

 

Registre-journal du 14 janvier 1698 Médaille sur les appartements du Roi

 

« On a examiné la description faite par monsieur Charpentier de la médaille sur les appartements et elle a été arrêtée.
Cette médaille a été frappée à l’occasion de ces agréables assemblées qui se font le soir chez le Roi certains jours de la semaine où les appartements sont ouverts à tout le monde. Les trois divinités qui sont représentées marquent les divertissements qu’on y prend. La première est une muse qui tient une lyre pour signifier la musique. La seconde est Pomone avec une corbeille de fruits pour marquer tous les fruits et tous les rafraîchissements qu’on y sert avec profusion. La troisième est Mercure pour représenter les jeux. Un bâtiment magnifique en forme de salon fait fond à ces trois figures. Un chandelier à plusieurs branches et garni de lumières pend du haut de la voûte. Les mots de la légende Hilaritati publicae aperta Regia font connaitre que le Roi veut bien que sa maison soit ouverte aux plaisirs de ses sujets. On lit ces autres mots à l’exergue Comitas et Magnificentia Principis, qui veulent dire la bonté et la magnificence du Roi. 1682. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »

Registre-journal du 1er février 1698 Médaille pour la longue durée de la postérité de Louis Le Grand

« Madame la dauphine accoucha sur la fin de l’année 1683 d’un second fils qui fut nommé Duc d’Anjou, et par cette heureuse fécondité elle confirma l’espérance que la France avait conçue pour la longue durée de la postérité de Louis Le Grand.
C’est le sujet de cette médaille. On y voit en buste la tête de Monseigneur le Dauphin, et celles de Messeigneurs les Ducs de Bourgogne et d’Anjou. Les mots de la légende Aeternitas Imperii Gallici veulent dire que ces princes sont un gage assuré de la longue durée de l’empire français à l’exergue 1683. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »

 

Registre-journal du 26 avril 1698 Les fortifications de Strasbourg

« Le Roi s’étant mis en possession de Strasbourg, et connaissant par expérience combien il était important de s’en assurer pour toujours, y a fait bâtir avec une diligence incroyable les forteresses qui sont représentées dans cette médaille. La citadelle avec ses dehors occupe tout l’espace qui est entre le Rhin et la ville, et les joint ensemble, le Fort du Rhin qui est au milieu de la plus grande des îles commande sur deux bras de ce fleuve, une redoute avancée dans le courant de l’eau, assure le milieu du pont. Le Fort de Kell en défend l’entrée du côté de l’Allemagne, un grand ouvrage à corne couvre l’écluse qui jette les eaux du Rhin dans la Kinche, pour rendre plus difficile l’attaque du fort de Kell qui est comme la tête de tous ces travaux. Le Fort des Îles voit le derrière de cette attaque, et les îles voisines. Enfin, ces îles, le pont et le Rhin sont défendus d’un si grand nombre de fortifications qu’il n’est plus possible aux Allemands de forcer ce passage pour entrer en France, sans entreprendre plusieurs sièges à la fois.
C’est le sujet de cette médaille, les mots de la légende, Clausa Germanis Gallia, la France fermée aux Allemands, et les paroles de l’exergue, Argentorati arces ad Rhenum, veulent dire Les forteresses de Strasbourg sur le Rhin. L’abbé Bignon – Tallemant. »

Registre-journal du 26 août 1698 Création de l’ordre de saint Louis

« Le Roi persuadé de la constante fidélité et du zèle infatigable de tous les officiers de ses armées tant de terre que de mer, résolut de leur donner un témoignage durable de sa bonté en établissant en leur faveur un nouvel ordre militaire sous le nom de st. Louis, auquel, outre les marques d’honneur extérieures qu’il y a attachées, il a encore affecté des revenus considérables. On ne peut être reçu dans cet ordre qu’après avoir été dix ans entiers officier dans les armées du Roi ; et le mérite, la valeur, et les services rendus avec distinction sont les seuls titres qui peuvent y faire rentrer. Ce nouvel ordre militaire est composé du Roi qui en est le Grand maître, de Monseigneur le Dauphin, de huit chevaliers portant le titre de Grand-Croix, de vingt-quatre commandeurs et d’un nombre indéfini de chevaliers selon que sa majesté le jugera à propos. Tous ces chevaliers portent une croix d’or sur laquelle il y a l’image de st. Louis que les Grand-Croix attachent à un large ruban de couleur de feu qu’ils mettent en écharpe avec une croix en broderie sur le juste-au-corps et sur le manteau. Les commandeurs ont seulement le ruban en écharpe, et les simples chevaliers n’ont que la croix, attachée sur l’estomac avec un petit ruban couleur de feu, sans que les ordre de st. Michel et du st. Esprit soient incompatibles en une même personne.
C’est le sujet de cette médaille. On y voit le Roi qui donne l’accolade à un chevalier auprès duquel sont quelques officiers qui semblent attendre le même honneur. Dans l’éloignement il y a des tentes dressées et des vaisseaux pour marquer que ces chevaliers se prennent du nombre des officiers de terre, et de mer. Les mots de la légende Expertae In Bello Virtuti signifient, à la valeur éprouvée dans la guerre. Ceux de l’exergue Aequitas fortissimi principis veulent dire l’équité du plus vaillant des princes, plus bas sous une autre ligne on lit encore Ordo militaris Sti. Ludovici institutus. 1663. C’est-à-dire l’établissement de l’ordre militaire de st. Louis, en l’année 1683. L’abbé Bignon – M. Tallemant. »