Coupoles Yves-Marie BERCÉ : vie et travaux de l’Académie en 2020 et 2021

Yves-Marie BERCÉ : vie et travaux de l’Académie en 2020 et 2021

Vie et activités de l’AIBL en 2020 et 2021

 

Membres disparus

Le discours prononcé annuellement par le Président se doit de rappeler en premier lieu le souvenir de nos disparus. Au cours de ces deux dernières années nous ont quittés sept de nos confrères, deux de nos associés étrangers, ainsi que huit de nos correspondants français et étrangers.

Élu membre de l’Académie, le 26 février 1988, au fauteuil de Georges DUMÉZIL, Jean DELUMEAU s’est éteint à Brest le 13 janvier 2020, à l’âge de 96 ans. Professeur à la Sorbonne et au Collège de France, il est sans doute le plus éminent représentant de l’histoire des mentalités. Après sa célèbre thèse sur la ville de Rome au xvi° siècle, il s’imposa comme spécialiste de l’histoire du christianisme et de l’Occident chrétien à l’époque de la Réforme et de la Contre-Réforme. Il avait également travaillé sur l’histoire de la Bretagne. Il laisse une œuvre qui a marqué l’anthropologie culturelle et religieuse par une série de grands livres, souvent réédités et traduits dans de nombreuses langues, livres consacrés à l’histoire de la peur, aux images du sentiment de sécurité, à celles de l’espérance et à l’histoire du Paradis. Élu membre de l’Académie, le 26 mars 1993, au fauteuil d’Emmanuel LAROCHE, Francis RAPP est décédé à Angers le 29 mars 2020, à l’âge de 93 ans. Professeur à l’Université de Strasbourg, il était spécialiste de l’histoire religieuse au bas Moyen Âge, des institutions et des sociétés ecclésiastiques, ainsi que des mentalités et de la spiritualité, et notamment de la mystique rhénane. Historien de la Réforme et du Saint-Empire romain germanique, dont il a composé une synthèse lumineuse parue en 2000. Il était également comme historien de l’Alsace médiévale dont il avait exploré les trésors des sources originales.

Élu membre de l’Académie, 30 janvier 1998, au fauteuil de Georges DUBY, Marc FUMAROLI, de l’Académie française, est décédé à Paris le 24 juin 2020, à l’âge de 88 ans. Professeur émérite au Collège de France, Marc FUMAROLI était un historien de la rhétorique à la Renaissance et à l’âge classique, spécialiste de la littérature française des XVIIe-XVIIIe siècles et aussi connaisseur des arts en Italie et en France. Redécouvrant la tradition de l’humanisme, il s’était notamment attaché à la figure du comte de Caylus. Ses livres, une trentaine sont devenus des classiques. Je citerai L’âge de l’éloquence : rhétorique et res literaria, de la Renaissance au seuil de l’époque classique (1980), Le Poète et le roi. Jean de La Fontaine en son siècle (1997), La Diplomatie de l’esprit (2001), Chateaubriand. Poésie et terreur (2003) ou bien encore La République des Lettres (2015). Combattant pour la cause de la langue française, il fut président de la Société internationale pour l’Histoire de la Rhétorique et aussi de l’Association pour la Sauvegarde des Enseignements littéraires fondée par Jacqueline de ROMILLY.

Élu membre de l’Académie, 22 avril 2005, au fauteuil de Maurice EUZENNAT, Jean-Louis FERRARY est décédé à Paris le 9 août 2020, à l’âge de 72 ans. Spécialiste de l’histoire politique, intellectuelle, philosophique et diplomatique du monde hellénistique au contact des Romains, il était historien des idées et de la philosophie politique antiques. Latiniste et épigraphiste, il dirigeait la série latine de la « Collection des Universités de France ». Historien des institutions, et des lois de la Rome ancienne, il collabora à des entreprises collectives liées au droit romain. Il poursuivait ses recherches jusqu’à l’époque de la Renaissance et de la redécouverte de l’érudition classique. Directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (IVe section), il dirigea longtemps le Centre Glotz cher à tous les antiquisants parisiens, et il participa aux activités du fonds épigraphique Louis ROBERT de l’Académie. Il eut en 2018 à présider l’Institut de France.

Élu membre de l’Académie, le 8 février 2002, au fauteuil de Michel LEJEUNE, Jean-Marie DENTZER est décédé à Paris le 29 octobre 2020, à l’âge de 85 ans. Ancien directeur de l’Institut français d’Archéologie du Proche-Orient et de la Mission archéologique française en Syrie du Sud, professeur à l’Université de Panthéon Sorbonne, Jean-Marie DENTZER, était l’un des meilleurs archéologues de sa génération. Il consacra d’importants travaux à l’étude du mode d’occupation du sol, l’habitat et l’urbanisme dans le Proche-Orient hellénistique et romain. Il restera dans les mémoires comme le promoteur inlassable d’importantes opérations de sauvegarde du patrimoine archéologique et le fouilleur heureux de sites aussi fameux que ceux de Palmyre, Pétra, ou bien encore Madâ’in Sâlih, l’ancienne Hégra des Nabatéens.

Élu membre de l’Académie, le 3 avril 1987, au fauteuil de Marcel SIMON, le médiéviste Jean RICHARD s’est éteint à Dijon le 25 janvier 2021, à l’âge de 99 ans. Il était le meilleur spécialiste de deux grands domaines : l’histoire de la Bourgogne, et celle des Croisades et de l’Orient latin. Professeur à l’Université de Bourgogne et ancien doyen de la faculté des Lettres de cette Université, il fut l’animateur infatigable des sociétés savantes de cette province, et au premier chef de l’Académie des Arts, Sciences et Belles-Lettres de Dijon. Très actif jusqu’il y a peu au sein de notre Académie, il y dirigea la collection des Documents relatifs à l’Histoire des Croisades et fut l’une des figures tutélaires de la commission de Syrie-Palestine de notre Compagnie. Son œuvre reste comme un monument impressionnant de science et d’érudition. Sa bibliographie compte plusieurs grands ouvrages, dont l’un des plus récents consacré à saint Louis fut couronné par l’Académie française.

Élu membre de l’Académie, le 4 mai 2012, au fauteuil de Claude NICOLET, Jehan DESANGES est décédé à Paris, le 25 mars 2021, à l’âge de 92 ans. Professeur à l’Université de Nantes et directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (IVe section), Jehan DESANGES était spécialiste de l’Afrique du Nord gréco-romaine et le maître par excellence de la géographie historique de l’Antiquité classique, principalement de l’Afrique et de ses confins. On lui doit l’édition de la partie finale de la Géographie de Strabon et des livres de l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien consacrés à l’Afrique du Nord, à l’Éthiopie, à la mer Rouge et aux îles Fortunées. Élu associé étranger de l’Académie, le 11 février 1994, au fauteuil de Denis ZAKYTHINOS, Giles CONSTABLE s’est éteint à Princeton le 17 janvier 2021, à l’âge de 91 ans. Professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton, Giles CONSTABLE était une spécialiste de la vie et des institutions monastiques de la France des XIe et XIIe siècles, de l’histoire de l’abbaye de Cluny et de la réforme bénédictine. Grande figure des études médiévales, il était très attaché à notre pays et en particulier à la ville de Cluny à laquelle il légua les 13 000 volumes de sa gigantesque bibliothèque d’érudition. Élue associé étranger de l’Académie, le 16 avril 2010, au fauteuil de Grégory Bongard LÉVINE, Lellia CRACCO RUGGINI est décédée à Turin le 27 juin 2021, à l’âge de 89 ans. Historienne féconde de l’Antiquité tardive, ses principaux travaux se polarisaient autour de l’économie et de la société de l’Italie romaine, d’une part, et de l’histoire de Rome, d’autre part. On lui doit également une synthèse de référence sur les statuts des Juifs dans le monde romain.

Élu correspondant le 21 novembre 1997, le médiéviste Jean Vezin est décédé à Colombes, le 27 août 2020, à l’âge de 87 ans. Directeur d’études à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études, il était un spécialiste éminent de paléographie latine et de codicologie. Il fut l’un des fondateurs de la collection des Monumenta palæographica Medii Ævi de l’Union académique internationale. Élu correspondant le 17 décembre 1993, Claude Brixhe s’est éteint à Ars-Laquenexy (Moselle), le 2 mars 2021, à l’âge de 87 ans. Professeur à l’Université de Lorraine, il était spécialiste des langues non grecques de faible attestation de l’Asie Mineure. Considéré comme le « père de la dialectologie grecque », il laisse des travaux pionniers sur la phonétique évolutive et les interrelations linguistiques. Élu correspondant le 27 mars 1998, Pierre Guichard est décédé à Lyon le 6 avril 2021, à l’âge de 81 ans. Professeur à l’Université Lumière-Lyon 2, Pierre Guichard était historien de l’époque et de l’espace d’al-Andalus. Il laisse des travaux novateurs sur les contacts de civilisations, dans le cadre de l’Espagne musulmane et du Maghreb.

Élu correspondant le 8 février 1991, Léon Vandermeersch est décédé le 17 octobre 2021 à Paris, à l’âge de 93 ans. Directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (Ve section), professeur à l’Université Paris VII et ancien directeur de l’École française d’Extrême-Orient, Léon Vandermeersch était spécialiste de la Chine ancienne, de ses institutions et de ses plus anciennes inscriptions. Il a également conduit des travaux novateurs sur la pensée et les religions du monde sinisé, et notamment sur l’histoire du confucianisme. En reconnaissance de sa haute réputation, l’Académie décerne depuis 2017, en collaboration avec la Fondation Mingyuan de Hong Kong, un prix annuel de sinologie en son honneur.

Élu correspondant étranger le 19 décembre 1986, Albrecht Dihle s’est éteint à Cologne, le 29 janvier 2020, à l’âge de 96 ans. Professeur aux Universités de Cologne puis de Heidelberg, c’était un helléniste spécialiste de l’histoire des idées morales de la Grèce, considérées notamment dans leurs rapports avec la pensée chrétienne.Élu correspondant étranger le 13 mai 2016, Mario Torelli est mort à Palerme, le 27 août 2020, à l’âge de 83 ans. Professeur à l’Université de Pérouse, il était étruscologue et comptait parmi les grands spécialistes italiens de l’histoire de l’art et de l’archéologie classique.

Élue correspondant étranger le 13 février 1998, l’égyptologue Edda Bresciani est décédée à Lucques le 29 novembre 2020, à l’âge de 90 ans. Professeur à l’Université de Pise, spécialiste du Moyen Empire et de l’Égypte perse, ptolémaïque, romaine et chrétienne Edda Bresciani fut une pionnière dans l’usage des nouvelles technologies appliquées à l’archéologie.

Élu correspondant étranger le 31 mai 2002, Cyril Mango s’est éteint à Oxford le 8 février 2021, à l’âge de 92 ans. Historien de l’art, archéologue, épigraphiste et philologue, c’était un géant des études byzantines. Professeur à l’Exeter College de l’Université d’Oxford, il consacra une partie importante de sa longue carrière internationale à l’étude de Constantinople qui était sa ville natale.

Nouveaux membres

Six nouveaux membres ont rejoint les rangs de l’Académie depuis 2020.

Le 7 février 2020, l’historien médiéviste Dominique BARTHÉLEMY a été élu académicien au fauteuil de Gilbert LAZARD. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé d’Histoire et docteur d’État, Dominique BARTHÉLEMY est professeur d’histoire du Moyen Âge à l’Université de la Sorbonne et directeur d’études à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études. Ses travaux portent sur la France capétienne, la société féodale et la chevalerie.

Le 16 octobre 2020, l’américaniste Dominique MICHELET a été élu académicien au fauteuil de Véronique SCHILTZ. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de grammaire et de linguistique, titulaire d’un doctorat d’ethnologie préhistorique, M. Dominique MICHELET est directeur de recherche émérite au CNRS. Il est spécialiste des civilisations précolombiennes. La Mésoamérique et en particulier les Basses Terres mayas constituent ses terrains de fouille privilégiés.

Le 29 janvier 2021, l’helléniste Philippe HOFFMANN a été élu académicien au fauteuil de Jean DELUMEAU. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de lettres classiques et titulaire d’un doctorat en études grecques, Philippe HOFFMANN est directeur d’études à la Ve section de l’École pratique des Hautes Études. Historien du néoplatonisme et de la pensée religieuse de l’Antiquité et de Byzance, il est aussi spécialiste de paléographie et de codicologie byzantines.

Le 5 mars 2021, l’historien moderniste Jean-Robert ARMOGATHE a été élu académicien au fauteuil de Francis RAPP. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé des lettres et docteur d’État ès-lettres, l’abbé Jean-Robert ARMOGATHE est directeur d’études émérite à la Ve section de l’École pratique des Hautes Études. Historien de la philosophie, de l’exégèse chrétienne, des religions et des sciences dans l’Europe moderne, il est aussi spécialiste de lexicologie philosophique. Il a consacré ses travaux à l’œuvre de Descartes, dont il a publié la correspondance, à Pascal et au jansénisme, à Bossuet, à Fénelon et aux orateurs sacrés.

Le 21 mai 2021, l’historienne antiquiste Françoise BRIQUEL-CHATONNET a été élue académicienne au fauteuil de Marc FUMAROLI. Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, agrégée d’histoire et docteur d’État, Mme Françoise BRIQUEL-CHATONNET est directeur de recherche au CNRS et directeur adjoint de l’UMR 8167 Orient & Méditerranée-Mondes sémitiques. Spécialiste des mondes de langue syriaque, elle est également versée dans les études hébraïques et phéniciennes.

Le 25 juin 2021, l’antiquisant Carlos LÉVY a été élu académicien au fauteuil de Jean-Louis FERRARY. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de lettres classiques et docteur ès-lettres, il est professeur émérite à la Sorbonne. Historien de la philosophie hellénistique et romaine, Carlos LÉVY est un éminent spécialiste de l’œuvre de Cicéron et de Philon d’Alexandrie. Ses travaux portent également sur la rhétorique et la réception de la philosophie antique depuis le Moyen Âge.

L’Académie a également pourvu, le 26 mars 2021, à l’élection des 8 correspondants français suivants :– M. Matthieu Arnold, historien du christianisme, professeur à la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg ;– M. Vincent Goossaert, sinologue, directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (Ve section) ;– M. Daniel Petit, linguiste, directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (IVe section) ;– M. Olivier Poncet, historien moderniste, professeur à l’École nationale des Chartes ;– M. Denis Rousset, helléniste, directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (IVe section)– M. Pierre Tallet, égyptologue, professeur à la Sorbonne ;– Mme Éliane Vergnolle, historienne de l’art médiéval, professeur honoraire à l’Université de Franche-Comté ;– Mme Catherine Virlouvet, historienne de l’économie de la Rome antique, elle vient de quitter la direction de l’École française de Rome.

Séances et colloques

Depuis la séance solennelle du 29 novembre 2019, l’Académie est parvenue à tenir, malgré les circonstances pénibles que nous traversons depuis bientôt deux ans, pas moins de 42 séances publiques, ce qui lui a permis d’entendre 58 communications ou notes d’information, ainsi que de très nombreux hommages d’ouvrages récents.

Nous avons pu réunir, virtuellement ou non, quelque 110 commissions et 10 conseils d’administration de fondations abritées.

L’Académie a également organisé, coorganisé ou accueilli, pour la quasi-totalité en 2021, neuf manifestations scientifiques de nature très variées, qui illustrent son rôle d’animateur de la recherche dans son étendue la plus large.

En décembre 2019, l’Académie a organisé, en partenariat avec la Société asiatique et l’Institut national des Langues et Civilisations orientales, un colloque sur « L’idéologie royale dans les civilisations de l’Asie ».

En mars 2020, elle a célébré avec l’École biblique de Jérusalem le centenaire de sa reconnaissance comme École archéologique française par l’Académie en organisant une journée d’étude intitulée : « Le goût de l’Orient ».

Au mois de juin 2021, l’Académie a accueilli une des journées du colloque « La lettre et l’esprit : l’École des chartes inattendue » organisée dans le cadre du bicentenaire de l’École nationale des chartes, fondée en février 1821.

Elle a consacré le 16 septembre une journée d’hommage à Jean-Louis FERRARY. Cette journée était accueillie dans les locaux de la fondation Del Duca de l’Institut de France.

Le 24 septembre, sous la Coupole, l’Académie a tenu une séance solennelle exceptionnelle pour célébrer le bicentenaire de la création de l’Ecole nationale des chartes. Le Secrétaire perpétuel, le président, Jacques VERGER, André VAUCHEZ et Madame Cécile MORRISSON ont présenté des communications devant une assistance nombreuse.

En octobre 2021, l’Académie a célébré le centenaire du Dictionnaire du latin médiéval. Elle a organisé à Villa Kérylos, avec le soutien des Fondations Khôra de l’Institut de France, son colloque traditionnel qui portait cette année sur le thème : « Méditerranée, mer de l’exil ».

En ce présent mois de novembre, l’Académie a accueilli des sessions des colloques « Sainte Geneviève. Histoire et mémoire » et « Littérature et pensée scolastique en France (XIIIe-XVe s.).

Enfin, lors de la séance solennelle de rentrée des Cinq académies de 2020 et de 2021, dont les thèmes portaient respectivement sur le « La différence » et « La vie », nos confrères Dominique BARTHÉLEMY et Jean-Robert ARMOGATHE, ont prononcé des discours intitulés : « Notre chevalerie ressemblait-elle à celles d’Orient ? » et « La vie est un songe ».

Conseil et expertise

On rappellera que l’Académie exerce une fonction de conseil et d’expertise, par les rapports qu’elle rédige et publie sur les activités des Écoles françaises à l’étranger, par les avis qu’elle donne sur l’élection des professeurs et maîtres de conférences de grands établissements, par les marques d’estime qu’elle accorde à un certain nombre de chantiers archéologiques.

Relations internationales

Le 17 janvier 2020, l’AIBL a accueilli S. Exc. Mme Aglaïa Balta, ambassadeur de Grèce, venue assister à sa séance hebdomadaire qui comportait une communication sur les Archives des monastères de l’Athos. Cette dernière a également assisté en octobre 2021 au colloque de l’Académie à la Villa Kérylos.

Les 27 et 28 février 2020, l’Académie a accueilli le Bureau de l’Union académique internationale qui y a tenu sa session annuelle sous la présidence de M. Sam Lieu, Président de l’UAI.

Le vendredi 2 juillet, le Secrétaire perpétuel Michel ZINK a accueilli à l’Académie Mme Claudia Roth, Vice-présidente du Bundestag, en voyage officiel à Paris, et S. Exc. M. Peter Reuss, ambassadeur d’Allemagne auprès de l’UNESCO.

Prix et fondations

L’Académie encourage la recherche par les prix qu’elle attribue dont la liste complète va vous être lue par notre vice-président. Plusieurs d’entre eux qui sont les mieux dotés sont remis solennellement.

Le 2 juin 2021, lors de la séance de remise des Grands Prix de l’Institut de France, le Prix d’archéologie Simone et Cino Del Duca 2021 a été remis par M. Olivier PICARD, membre de l’Académie, à M. William Van Andriga pour soutenir le programme de recherche « La nécropole de Porta Nocera à Pompéi ». Olivier PICARD avait également le 27 octobre 2020 remis le grand prix 2020 à M. Pascal Darcque pour soutenir les travaux conduits par la mission archéologique franco-hellénique de Dikili Tash (Grèce).

Le 22 juin 2021, le Prix d’histoire des religions de la fondation « Les amis de Pierre-Antoine Bernheim » pour l’année 2020 a été remis à M. Martin Ramos Nogueira pour son étude des chrétiens cachés dans la société villageoise japonaise du XVIIe au XIXe siècle. Au cours de la même cérémonie ce Prix pour l’année 2021 a été remis à M. Étienne Fouilloux pour ses travaux sur la vie et l’œuvre du Père Yves Congar.

Le 22 octobre, M. Philippe Collombert et Mme Bérangère Redon, professeur à la Sorbonne, ont reçu les Prix Jean et Marie-Françoise LECLANT 2020 et 2021 qui leur ont été attribués pour leurs fouilles à Saqqarah et en Maréotide.

Rappelons ici que l’Académie favorise aussi les initiatives visant à encourager le goût pour les humanités chez les élèves. Elle soutient ainsi tout particulièrement l’association Sauvegarde des Enseignements littéraires fondée par la regrettée Jacqueline de ROMILLY. Le 17 septembre dernier, le Secrétaire perpétuel Michel ZINK, et Madame Monique TRÉDÉ, membre de l’Académie et présidente de cette association, ont remis les prix de la nouvelle. Ces prix, placés sous le patronage du ministère de l’Éducation nationale, ont récompensé leurs 6e et 7e promotions de lauréats.

Communication

Dans le cadre de son programme d’actions pédagogiques, l’Académie est parvenue à organiser depuis 2020 malgré́ les difficultés liées à la crise sanitaire, une série de visites-conférences lors desquelles quelque 300 élèves du second degré ont pu rencontrer des académiciens, dont notre Secrétaire perpétuel. Les 18 et 19 septembre derniers, l’Académie a participé aux Journées européennes du patrimoine avec une exposition intitulée : « L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et l’École nationale des chartes : fragments d’une histoire partagée » qui a pris place dans le cadre du bicentenaire de ce grand établissement d’excellence.

Publications

L’Académie contribue à la diffusion de la recherche la plus récente par des publications internationalement reconnues. 32 volumes ou fascicules sont parus depuis notre dernière séance de rentrée solennelle organisée à l’ombre de cette Coupole, dont 6 fascicules des Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres couvrant les mois d’avril 2018 à octobre 2019, 4 fascicules du Journal des savants et 2 tomes des Monuments Piot.

2 volumes sont parus dans la collection de ses Mémoires : d’une part, la traduction annotée de la grammaire sanscrite de Jean-François Pons et, d’autre part, une monographie consacrée aux églises et forteresses de la province arménienne de Siracène intitulée : A l’est d’Ani.

Dans la collection de la Carte archéologique de la Gaule a été publié la refonte des Alpes-de-Haute-Provence, sans compter plusieurs réimpressions.

La collection du Recueil des Historiens de la France de l’Académie a accueilli 8 nouveaux volumes, l’un dans la série des Pouillés correspondant à la province ecclésiastique de Bordeaux, les autres dans sa série des Obituaires se rapportant à Toulon, Strasbourg, Le Puy, Dinan, l’Artige, à la Provence et au Dauphiné. Le Répertoire de cette collection a reçu un quatrième et dernier supplément couvrant les années 2009-2020. Est parue dans la collection des Documents relatifs à l’histoire des Croisades la Relation de la croisade de Nicopolis (XVe siècle). La collection d’Histoire littéraire de la France a accueilli une monographie sur le poète du XIVe siècle Oton de Grandson. 8 volumes d’actes de colloques ou recueils d’articles ont également paru : – Les sociétés tribales en Afrique du Nord ;– Fleuves d’Asie, centres de civilisations ;– Jean-Pierre Abel-Rémusat et ses successeurs ; – Les petites phrases. Puissance de la brièveté dans les littératures d’Orient et d’Occident ; – La Champagne médiévale dans son environnement politique, social et religieux ;– Linguistique de l’universel (édition augmentée) ;– Mythes d’origine dans les civilisations de l’Asie ;– L’idéologie royale dans les civilisations de l’Asie.

Internet

La numérisation des publications de l’Académie se poursuit sur le portail Persée. Elles bénéficient d’un nombre de consultations remarquable. L’année 2021 aura été marquée par la numérisation et la mise en ligne des registres des procès-verbaux de séances de notre Compagnie pour la période s’écoulant de 1694 à 1795 qui ont pu être effectué dans le cadre d’un partenariat avec l’IRHT. Le site de l’Académie, en cours de refonte, continue à s’enrichir avec régularité de nouvelles pages et de nouvelles vidéos. Son lancement, dans une version conforme aux règles d’usage et d’accessibilité les plus modernes et enrichie de nouvelles fonctionnalités, est prévu pour le mois de février 2022. On rappellera, enfin, que l’Académie est présente sur les réseaux sociaux, ce qui lui permet de communiquer plus largement sur ses activités et les travaux de ses membres auprès – pourquoi pas – des jeunes générations. Son comte Twitter, alimenté régulièrement, compte désormais plus de 2000 abonnés.

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Conclusion

L’Académie se doit de rester fidèle à sa vocation pluriséculaire de distinguer et récompenser des recherches scientifiques qui enrichissent les connaissances bien plus, hélas, que leurs auteurs. Dans cette tâche, les jurys, vous le devinez, ne sont pas avares de leur temps. Ils sont dignes de la légende de Du Cange qui, dit-on, consacrait chaque jour onze heures à l’érudition, sauf le jour de son mariage où il n’avait travaillé que cinq heures. Il faut dire pour mesurer plus modestement notre mérite que les lectures savantes apportent moins de fatigue que de plaisirs de découverte. J’ai eu ainsi à lire le dernier volume de l’Histoire littéraire de la France où Alain Corbellari, professeur à l’Université de Lausanne, a étudié la vie et l’œuvre d’Oton de Grandson, un grand seigneur suisse du XIVe siècle, chevalier aventureux et poète courtois. Au service du roi d’Angleterre, Oton de Grandson avait reconnu la tradition populaire anglaise de la Saint-Valentin, patron des amoureux, le 14 février. Si vous le permettez, je vais clore mon propos en vous lisant quelques bribes extraites un peu librement de la Ballade de saint Valentin :

« Je vous choisis, noble loyal amour.

Je vous choisis, souveraine plaisance,

grâcieuse doulceur, très doulce souffisance.

Je vous choisis, de toute ma puissance, de cœur entier et vrai.

Je vous choisis par telle convenance que nulle autre jamais ne choisirai.

Je vous choisis, sans penser décevance.

Je vous choisis des plus belles la fleur.

Sans faire variance, ma droite soutenance,

Je vous choisis et si vous affiance que nulle autre jamais ne choisirai.

Je vous choisis, confort de ma langueur.

Je vous choisis pour avoir allégeance,

pour guarir ma douleur, pour saner ma grevance, sans fin, en persévérance.

Je vous choisis et choisi je vous ai.

Saint Valentin en prend en témoignance que nulle autre jamais ne choisirai. »

Londres, 1380.