Coupoles Programme de la Coupole

Programme de la Coupole

« Célébration du Centenaire de l’Union Académique Internationale »

Cette année, l’Académie consacrera le thème de sa séance de rentrée solennelle sous la Coupole au centenaire de l’Union académique internationale (UAI), créée à son initiative en 1919. Ce sera l’occasion de présenter le bilan d’un certain nombre de projets de haute érudition qu’elle patronne et soutient, dont la singularité réside dans leur caractère transculturel, ou bien qui se situent à la croisée de traditions différentes, comme dans le cas de l’Encyclopédie franco-japonaise du bouddhisme Hōbōgirin. Des lignes de perspective augurant des avancées futures de ces entreprises, qui reflètent la diversité et la profondeur du dialogue entre les civilisations, seront tracées, depuis les Temps médiévaux jusqu’au pays du Soleil levant à l’époque Meiji, en passant par l’Asie centrale, interface géographique féconde, localisée à la jonction de l’Orient et de l’Occident. Autant d’illustrations qui permettront de souligner que la « mondialisation » et le transfert international des connaissances, omniprésents aujourd’hui, ne sont pas des phénomènes nouveaux.

Programme de la séance de rentrée solennelle de l’académie :

  • Lecture par M. Nicolas GRIMAL, Vice-Président de l’Académie, du Palmarès de l’année 2019 et proclamation des nouveaux archivistes paléographes
  • Allocution d’accueil de M. Michel ZINK, Secrétaire perpétuel de l’Académie

Tout au long de sa longue histoire, l’UAI, qui a été fondée à l’initiative de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, a promu et accueilli environ un tiers des projets qu’elle a patronnés, à savoir une trentaine, intéressant aussi bien le Moyen Âge occidental qu’oriental. Il est donc important de se demander quelle vision du Moyen Âge a présidé à l’accueil et à la promotion de ces nombreux projets et si le caractère transculturel et transnational de l’UAI a pu avoir de l’influence sur leur évolution. Sur la longue durée c’est bien la vision d’un Moyen Âge ouvert, dont l’étude doit se fonder sur un dialogue constant entre les civilisations, tant sur le plan de la pensée que de la langue, qui semble avoir été le fil rouge traversant la trentaine projets de l’UAI touchant la période médiévale. Un fil rouge qui se trouve aujourd’hui confronté à de nouveaux défis comme aussi aux extraordinaires chances offertes par les technologies modernes, allant de la numérisation à la réunion virtuelle de manuscrits dispersés, de l’édition critique électronique à l’interopérabilité des banques de données et ainsi de suite. Des technologies qui ont déjà commencé à transformer et continueront à modifier profondément la recherche d’une manière que nul ne peut aujourd’hui prévoir. Mais c’est là que résidera l’une des fonctions majeures de l’UAI dans les décennies à venir, celle de montrer par ses grands projets que ces nouvelles opportunités de recherche sont indispensables justement parce qu’elles viennent confirmer l’une de ses intuitions majeures, celle d’un Moyen Âge qui est tout sauf clos, allant d’un monde à l’autre.

  • Discours de M. Nicholas Sims-Williams, associé étranger de l’Académie : « Les connaissances sans frontières, hier et aujourd’hui »

L’Union Académique Internationale, dont le centenaire est célébré cette année, est une organisation regroupant des académies et des chercheurs du monde entier pour mener des recherches fondamentales en sciences humaines et sociales. Quelques exemples tirés de son propre domaine de recherche seront présentés par M. Nicholas SIMS-WILLIAMS, qui démontrent que la « mondialisation » et le transfert mondial des connaissances ne sont pas des phénomènes aussi nouveaux que l’on peut le supposer. Au Ier millénaire de notre ère, des peuples iraniens tels que les Sogdiens et les Bactriens occupaient une position centrale entre les civilisations de l’Ouest et de l’Est : d’une part celles de la Grèce, de Rome et de la Mésopotamie, et d’autre part celles de la Chine et de l’Inde. De chacune de ces civilisations, ils ont reçu non seulement des biens mais également des idées et des connaissances, comme en témoignent des emprunts dans des domaines tels que la médecine, l’astrologie, la jurisprudence et la littérature.

  • Discours de M. Shoichi SATO, associé étranger de l’Académie, membre de l’Académie : « L’idée japonaise de « l’histoire occidentale » sous l’ère Meiji »

Lorsque le Japon a rencontré la civilisation occidentale, les intellectuels nippons s’étaient déjà formés une certaine idée de l’histoire de cette civilisation située aux antipodes du globe. Ils n’en étaient pas ignorants en raison de la connaissance qu’en avaient acquis les jeunes savants envoyés en mission diplomatique ou politique en Europe à la fin du régime des shoguns Tokugawa, ou bien encore grâce aux informations recueillies auprès des agents des grandes maisons de commerce hollandaises basées à Nagasaki. A leurs yeux, la trajectoire des expériences historiques traversées par les Européens était largement analogue dans sa structure même au parcours historique de leur propre pays tel qu’ils l’entrevoyaient. Ainsi, jaillit la pensée japonaise en quête de sa propre modernité à l’instar du modèle européen. Ce parti pris envers l’histoire européenne, semble être à l’origine du caractère hautement téléologique des études historiques au Japon.

  • Discours de M. Jean-Noël ROBERT, membre de l’Académie : « Au confluent de deux traditions philologiques : l’Encyclopédie franco-japonaise du bouddhisme Hōbōgirin  »

Le premier fascicule du Hôbôgirin, le dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d’après les sources chinoises et japonaises a paru en 1929, il y a quatre-vingt-dix ans de cela. Ce projet immense pour l’époque était d’une conception hardie, dont les conséquences scientifiques apparaissent plus fécondes encore de nos jours, depuis que l’évolution de la recherche en sciences humaines a permis de remettre en question nombre de notions qui étaient considérée comme indiscutables lorsque les philologues français et japonais en élaborèrent le programme. Si le dernier fascicule a été édité en 2003, une série de colloques franco-japonais tenus en 2013, 2017, puis prévus pour 2020 et 2022, fourniront la matière des prochains fascicules sous forme de monographies. Mais surtout, la coopération engagée avec le SAT Daizōkyō Text Database Committee de l’Université de Tokyo, sous l’égide du professeur Shimoda Masahiro a mené, grâce à l’initiative de ce centre à l’avant-garde des « humanités numériques », de réaliser d’ores et déjà une version électronique du Répertoire du canon bouddhique sino-japonais accessible en ligne qui permet une utilisation incomparablement plus détaillée de ce précieux instrument de référence. Cette communication se propose d’esquisser les grandes lignes du renouveau d’un projet auquel les développements récents de la philologie comme de la technologie ouvrent des horizons insoupçonnés.

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