L'Académie PELLIOT Paul, Eugène

PELLIOT Paul, Eugène

Paris, le 28 mai 1878 ; Paris, le 26 octobre 1945

Commandeur de la Légion d’honneur

 

Élu, le 6 mai 1921, membre ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au fauteuil de Robert LASTEYRIE DU SAILLANT.

 

Paul Pelliot est l’un des maîtres des études asiatiques françaises.

 

 

À la fois philologue, linguiste, archéologue et historien, on s’accorde à reconnaître en lui l’une des dernières figures de savant complet, expert en de multiples disciplines ; que l’on en juge à la liste des nombreux domaines qu’il a exploré avec profit : histoire de l’Asie centrale turque et mongole, histoire chinoise et indochinoise, littérature et philologie chinoises, linguistique (études sur le tokharien, le koutchéen et les langues altaïques), archéologie et histoire de l’art (grottes des « mille Bouddhas » à Dunhuang ; bronzes et jades chinois), histoire des religions (manichéisme chinois, bouddhisme, taoïsme, christianisme en Extrême-Orient), histoire des voyages médiévaux en Extrême-Orient (notamment Marco Polo, Hiuan-tsang).

 

Diplômé de chinois à l’École des Langues orientales vivantes en 1898, formé auprès des sinologues Édouard Chavannes, Henri Cordier et Sylvain Lévi, le spécialiste incontesté du bouddhisme, pensionnaire en 1899 de la Mission archéologique d’Indochine à Hanoï – la future EFEO –, nommé professeur de chinois dans ce grand établissement en 1901, Paul Pelliot effectue plusieurs missions à Pékin où il achète des manuscrits qui formeront le noyau du fonds chinois de la bibliothèque nationale – et, au passage, se distingue lors de la révolte des Boxers. Au vu de ses compétences scientifiques, mais aussi de ses qualités d’homme d’action, notre Académie lui confiera le soin de diriger la fameuse expédition en Asie centrale (1906-1908) reliant Paris à Pékin le long de la Route de la Soie, par le Nord. Parmi la riche moisson récoltée au cours de ce périple, on retiendra bien sûr les manuscrits en chinois, sanscrits et koutchéen du monastère bouddhique en ruine de Douldou-Aqor, mais surtout la riche collection de manuscrits des VIe-XIe siècles (en chinois, tibétain, ouïgour, sanscrit, etc.), les peintures et objets d’art acquis à Dunhuang, que Pelliot inventoriera lui-même. Les résultats de la célèbre expédition scientifique paraîtront entre 1914 et 1928 dans une série intitulée : Mission Pelliot en Asie centrale. I. Les grottes de Touen houang. Peintures et sculptures bouddhiques des époques des Wei, des T’ang et des Song, 6 vol. II. Sûtra des causes et des effets du bien et du mal (édition et traduction d’après les textes sogdien, chinois et tibétain ; en collaboration avec R. Gauthiot).

 

Professeur des langues, histoire et archéologie de l’Asie centrale au Collège de France (1911-1914 ; 1918-1945), directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études, IVe section (1927-1945), professeur de philologie, littérature et art chinois à l’Institut des Hautes Études chinoises de la Sorbonne (1927-1945), Paul Pelliot fut codirecteur (avec Henri Cordier) puis directeur de la revue T’oung Pao, dont il fit l’organe le plus prestigieux de la sinologie mondiale.

 

Spécialisation  : ORIENTALISTE [sinologie, histoire et civilisations de l’Asie centrale (peuples altaïques et en particulier Turcs et Mongols ; Tibet), histoire et civilisation indochinoises (Annam ; Cambodge) et chinoises (en particulier relation avec le monde extérieur), littérature et philologie chinoises, linguistique (études sur le tokharien, le koutchéen et les langues altaïques), archéologie et histoire de l’art (Touen-houang : grottes des mille Bouddhas ; bronzes et jades chinois), histoire des religions (manichéisme chinois, bouddhisme, taoïsme, christianisme en Extrême-Orient), histoire des voyages médiévaux en Extrême-Orient (notamment Marco Polo, Hiuan-tsang), histoire diplomatique des croisades].

 

Carrière  : – 1897. Études de sanscrit à l’École pratique des Hautes Études, IVe section. – 1897. Licencié en anglais. – 1897. Diplômé de l’École des Sciences politiques. – 1898. Diplômé de chinois de l’École des Langues orientales vivantes. – 1899. Pensionnaire de la mission archéologique d’Indochine (Hanoï ; École française d’Extrême-Orient en 1900). – 1900-1901. Mission en Chine ; se distingue lors de la révolte des Boxers. – 1901-1904 ;1908-1911. Professeur de chinois à l’École française d’Extrême-Orient (Hanoï). – 1904-1905. Préparation en France et en Russie d’une mission scientifique en Asie Centrale (Turkestan chinois). – 1906-1908. Explorations à Kachgar (1906), Koutcha (1907) et Touen-houang (1908) : riche moisson de manuscrits (actuel fonds Pelliot de la Bibliothèque nationale) ; séjour à Pékin (1908). – 1911-1914 ; 1918-1945. Professeur des langues, histoire et archéologie de l’Asie centrale au Collège de France. – 1914-1918. Officier de liaison aux Dardanelles, puis attaché militaire à Pékin et envoyé en Sibérie auprès du général Koltchack. – 1927-1945. Directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études, IVe section. – 1927-1945. Professeur de philologie, littérature et art chinois à l’Institut des Hautes Études chinoises de la Sorbonne. – 1930-1931. Professeur à l’École des Langues orientales vivantes. – Conservateur du musée d’Ennery (Moselle).

 

  • Membre de la Société asiatique (Paris, président), de la Société de Géographie (Paris, vice-président), de la Société des Études iraniennes (Paris) et de la Royal Asiatic Society (Londres).
  • Membre du Comité du musée Guimet (Paris, président) et du Conseil supérieur des Musées (Paris).
  • Membre de nombreuses académies étrangères, entre autres : de l’Académie des Sciences de Chine (Pékin), de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles), de la British Academy (Londres), de l’Akademie der Wissenschaften zu Berlin, de l’Académie norvégienne des Sciences et Lettres (Oslo) et de l’Académie impériale des Sciences de Russie (Saint-Pétersbourg).
  • Docteur honoris causa des Universités de Cambridge et Harvard.
  • Chevalier de l’Ordre de Sainte-Anne (Russie).

 

Principales publications : – 1904. «  Deux itinéraires de Chine en Inde à la fin du VIIIe siècle  » (in Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient). – 1904. «  Première étude sur les sources annamites de l’histoire d’Annam  » (ibid.). – 1911. Des influences iraniennes en Asie centrale et en Extrême-Orient (leçon inaugurale au Collège de France). – 1911. «  Un traité manichéen retrouvé en Chine  » (in Journal asiatique). – 1914-1924 ; 1926-1928. Mission Pelliot en Asie centrale. I. Les grottes de Touen houang. Peintures et sculptures bouddhiques des époques des Wei, des T’ang et des Song, 6 vol. II. Sûtra des causes et des effets du bien et du mal (édition et traduction d’après les textes sogdien, chinois et tibétain ; en collaboration avec R. Gauthiot). – 1916. «  Le Chou King en caractères anciens et le Chang chou che wen  » (in Mémoires concernant l’Asie orientale). – 1920. «  Meou-tseu ou les doutes levés  » (in T’oung Pao). – 1922-1924 ; 1931-1932. «  Les Mongols et la papauté  » (in Revue de l’Orient chrétien). – 1923. «  Notes sur quelques artistes des six dynasties et de la dynastie des T’ang  » (in T’oung Pao). – 1924. Bronzes antiques de la Chine appartenant à C.-T. Loo (en collaboration avec Tchou Tö-yi). – 1925. Jades archaïques de la Chine appartenant à C.-T. Loo. – 1934. «  Tokharien et Koutchéen  » (in Journal asiatique). – 1938. Marco Polo. The description of the world (édition en collaboration avec A. C. Moule). – 1949. Histoire secrète des Mongols (restitution et traduction du texte mongol ; posthume). – 1949. Notes sur l’histoire de la Horde d’or (posthume). – 1951. Histoire des campagnes de Gengis Khan (traduit et annoté en collaboration avec L. Hambis ; posthume). – 1951. Mémoire sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta-kouan (posthume). – 1951. Mélanges sur l’époque des croisades (posthume). – 1953. Les débuts de l’imprimerie en Chine (posthume). – 1959-1973. Notes on Marco Polo (posthume). – 1960. Notes critiques d’histoire kalmouke. – 1961. Histoire ancienne du Tibet (posthume). – 1961-1976. Mission Pelliot. Documents archéologiques (posthume). – 1973. Recherches sur les chrétiens d’Asie centrale et d’Extrême-Orient. I. En marge de Jean du Plan Carpin. II. Guillaume de Rubrouck III. Màr Ya(h)bnallāhâ, Rabban Sàumâ et les princes Öngüt chrétiens (posthume). – 1976. Carnets de Pékin : 1899-1901 (posthume). – 1981-1984. Grottes de Touen-houang, inscriptions et peintures murales (posthume). – 1984. Recherches sur les chrétiens d’Asie centrale et d’Extrême-Orient. II. La stèle de Si-Ngan-Fou (posthume) – S. d. La Haute Asie (reproduit in G. Le Fèvre. La croisière jaune, réédition 1991).

  • Directeur de la revue T’oung Pao et de la Revue des Arts asiatiques.
  • Œuvres posthumes de Paul Pelliot, dans Histoire secrète des Mongols, Paris, 1949.
  • Trésors de Chine et de Haute Asie. 100e anniversaire de Paul Pelliot. Paris, 1979.

 

Biographie et bibliographie : – «  Paul Pelliot (May 28th 1878-October 26th 1945)  », par J.-J.-L. Duyvendak, T’oung Pao 37-38, 1944-1948, p. 1-15. – «  Éloge funèbre de M. Paul Pelliot  », par A. Lods, CRAI, 1945, p. 520-526. – «  Paul Pelliot  », par J. Filliozat, Journal asiatique, 1946, p. 13-20. – «  Paul Pelliot  », Journal of the Royal Asiatic Society, 1946, p. 137. – «  Obituaries. Paul Pelliot 28 mai 1878-26 octobre 1945  », par R. des Rotours, Monumenta Serica, Journal of Oriental Studies of the Catholic University of Pekin, vol. 12, 1947, p. 266-276. – «  Avant-Propos  », par R. Grousset, dans Histoire secrète des Mongols. Œuvres posthumes de Paul Pelliot, 1949, p. I-II. – «  Notice sur la vie et les travaux de M. Paul Pelliot  », par L. Renou, CRAI, 1950, p. 130-144. – «  Paul Pelliot (1878-1945), historien et linguiste  », par L. Hambis, Revue historique 203, 1950, p. 30-40. – Commémoration. Trésors de Chine et de Haute Asie. 100e anniversaire de Paul Pelliot, 20 sept.-28 déc. 1979, Paris, 1979. – Les Professeurs du Collège de France. Dictionnaire biographique 1901-1939, par C. Charle et E. Telkès, 1988, p. 201-203. – «  Pelliot Paul  », par A. Pino, dans Langues’O, 1795-1995. Deux siècles d’histoire de l’École des langues orientales, Paris, 1995, p. 292-293. – 2013. Paul Pelliot : de l’histoire à la légende (éd. J.-P. Drège et M. ZINK).

Articles en ligne sur Persée

Lods, Adolphe, « Éloge funèbre de M. Paul Pelliot, membre ordinaire de l'Académie », in Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89e année, N. 4, 1945. pp. 520-525.  (Consulté le 20 mai 2011) Consulter l'article
Renou, Louis, « Notice sur la vie et les travaux de M. Paul Pelliot, membre de l'Académie », in Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 94e année, N. 2, 1950. pp. 130-144.  (Consulté le 20 mai 2011) Consulter l'article
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