Manifestations Désirs & Volupté à l’époque victorienne

Désirs & Volupté à l’époque victorienne

Musée Jacquemart-André, 13 septembre 2013-20 janvier 2014. Frederic, Lord Leighton, Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle, (détail), vers 1880, Collection Pérez Simón. M. Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée Jacquemart-André et co-commissaire de l’exposition, a reçu, jeudi 6 décembre, un groupe constitué de membres et de correspondants de l’Académie pour une visite privée de l’exposition Désirs & Volupté à l’époque victorienne.

Après quelques mots d’accueil prononcés dans le salon de musique, M. Nicolas Sainte Fare Garnot a présenté cette exposition au titre évocateur dont l’ensemble des pièces ont pour provenance la collection Pérez Simón appartenant à un homme d’affaires mexicain d’origine espagnole et rassemblant plus de mille œuvres de la Renaissance à l’art moderne.

Sont présentées parmi celles-ci un florilège de quelque cinquante œuvres des artistes les plus célèbres de l’école anglaise de la seconde moitié du XIXe siècle.

Si ces artistes sont longtemps restés dans l’oubli et ont même été décriés, ils bénéficient depuis peu d’un extraordinaire regain d’attention ; une réhabilitation anticipée par un collectionneur clairvoyant qui a su réunir un ensemble exceptionnel présenté pour la première fois en France.

Le parcours explore au fil de huit étapes la quête esthétique qui unit ces artistes parmi lesquels on peut citer Alma-Tadema et Leighton, tous deux associés étrangers de l’Académie des Beaux-Arts, ou les préraphaélites Burne-Jones et Millais, respectivement correspondant et associé étrangers des Beaux-Arts. L’exposition retrace ainsi la célébration du culte de la beauté à l’époque victorienne à travers son sujet de prédilection, la figure de la femme, particulièrement célébrées et sous divers modes, dans des décors inspirés de l’Antiquité ou des légendes médiévales.

M. Nicolas Sainte Fare Garnot s’est notamment attardé sur les tableaux de Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), artiste prolifique et particulièrement emblématique de cette époque. Ce peintre d’origine hollandaise a rencontré un vif succès auprès de ses contemporains avec de délicates réalisations à l’antique. Il a ramené de ses voyages une profonde connaissance de l’archéologie qu’il déploie dans de petits formats adaptés aux intérieurs bourgeois de l’époque. Les découvertes à Pompéi qui dévoilent une Antiquité intime, du quotidien, lui inspirent notamment des pièces comme Le Retour du marché (1865) où l’on distingue au second plan la célèbre mosaïque cave canem. Son souci d’exactitude archéologique alliée au raffinement de l’exécution et à la virtuosité employée dans les jeux d’ombre et de lumière, en font le favori du tout Londres. Les Roses d’Héliogabale (1888), majestueuse toile composée pour un riche industriel anglais, sont une démonstration frappante du décalage entre un thème effroyable – selon l’Histoire auguste, cet empereur cruel aurait enseveli ses convives sous une pluie de fleurs – et le caractère extrêmement décoratif de ces roses virevoltantes. Les œuvres d’Alma-Tadema ont connu un destin singulier puisque certaines ont appartenu au réalisateur américain Cecil B. De Mille qui s’en est inspiré pour les décors de films hollywoodiens au thème antique, ainsi interprété au filtre de l’imaginaire victorien. Une tradition conservée jusqu’à nos jours puisque dans le film Gladiator du cinéaste américain Ridley Scott sorti en 2000, certaines scènes s’avèrent être de fidèles transpositions des toiles de ce peintre.

La visite a également permis de mesurer l’ampleur et la richesse de cette collection qui abrite des œuvres parfois peu étudiées et qui ont encore tant à révéler comme les toiles à l’iconographie complexe de John Strudwick.

Plus d’informations sur le site du musée : www.musee-jacquemart-andre.com et sur le site dédié : www.desirs-volupte.com

Catalogue de l’exposition : Désirs & Volupté à l’époque victorienne sous la direction de Véronique Gérard-Powell, Culturespaces / Fonds Mercator, 2013.