Séances Séance du 5 octobre 2018

– Note d’information de M. Bertrand Riba, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (IFAPO), sous le patronage de M. Jean-Pierre SODINI : « Le rôle et la gestion de l’eau dans les baptistères paléochrétiens de Palestine : le cas de ‘Ain el-Ma‘moudiyeh ».

Résumé : Le baptistère de ʿAin el-Maʿmoudiyeh, situé à 8 km à l’ouest de la vieille ville d’Hébron, interpelle depuis sa découverte dans les années 1940 en raison des dimensions exceptionnelles de sa cuve, du système hydraulique particulier dont il est pourvu, et de sa situation isolée au fond d’un wādī. Une enquête de terrain est engagée sur le site depuis deux années par une mission archéologique franco-palestinienne placée sous la tutelle de l’auteur (Ifpo). Ces travaux permettent aujourd’hui de revenir sur le rôle de l’édifice au sein de l’ensemble monastique auquel il appartient et dont certaines composantes, jusqu’alors non localisées, sont actuellement en cours de découverte. Ces travaux donnent aussi l’occasion de considérer la place occupée par le monument au sein du corpus des fonts baptismaux antiques de Palestine conçus pour être alimentés en eaux vives.

Mots clés : Palestine, baptistère, paléochrétien, ʿAin el-Maʿmoudiyeh, Hébron.

Abstract :The baptistery of ʿAin el-Maʿmoudiyeh, located 8 km west of the old town of Hebron, has sparked interest since its discovery in the 1940’s because of the exceptional dimensions of its font, its peculiar hydraulic system, and its isolated situation at the bottom of a wādī. A new field investigation has been initiated on the site for the last two years by a Franco-Palestinian archaeological mission under the authority of the author (Ifpo). This new study allows reassessing the role of the building within the monastic complex to which it belongs and of which some components, hitherto not located, are currently being unearthed. This work also gives the opportunity to consider the place occupied by this monument within the corpus of the ancient baptismal fonts of Palestine designed to be powered with live spring water.

Keywords : Palestine, baptistery, paleochristian, ʿAin el-Maʿmoudiyeh, Hebron.

– Communication de M. André VAUCHEZ, membre de l’Académie : « Brigitte de Suède († 1373) et Catherine de Sienne († 1380) : une approche comparée ».

Résumé : Brigitte de Suède († 1373) et Catherine de Sienne (†1380) sont deux figures spirituelles majeures de la chrétienté occidentale dans la seconde moitié du XIVe siècle . On les présente souvent ensemble, comme si elles étaient similaires et plus ou moins superposables, ce qui est largement inexact. Certes, elles ont eu en commun d’avoir ardemment souhaité le retour de la papauté d’Avignon à Rome et elles ont été l’une et l’autre très liées à l’ancien évêque espagnol Alfonso Pecha, qui fut dans les années 1370-1390 un point de référence pour tous ceux qui, en Italie aspiraient à une réforme en profondeur de l’Église. Mais, par ailleurs, elles présentent chacune des traits originaux qui permettent de les distinguer : Brigitte, princesse venue de la périphérie de l’Europe chrétienne, avait été mariée et mère de huit enfants ; Catherine était la fille d’un artisan de Sienne et avait refusé avec la dernière énergie les noces que sa famille voulait lui imposer. Malgré des dates de décès assez proches, elles n’appartiennent pas à la même génération, puisque Catherine n’entra dans la vie publique qu’après la mort de Brigitte et mourut jeune, après avoir vécu les affres du Grand Schisme. Mais c’est surtout sur le plan culturel et spirituel qu’elles se distinguent l’une de l’autre : Brigitte, de façon traditionnelle, dicta ses Révélations à Alfonso Pecha qui les traduisit en latin et les diffusa après sa mort dans toute la chrétienté. Catherine accéda par elle-même à l’écriture et en fit un large usage : on a conservé d’elle près de 400 lettres en langue toscane, dans lesquelles elle exhortait ses correspondants à se convertir, et surtout elle mit par écrit les entretiens qu’elle avait eus avec le Christ dans son Dialogo, dont elle se considérait comme l’auteur. Brigitte est une prophétesse d’inspiration biblique et parfois apocalyptique ; Catherine plutôt une mystique, qui présente l’originalité d’avoir vécu dans le monde et de s’être lancée dans une action en grande partie politique, au service du programme réformateur auquel elle avait consacré sa brève existence.