Membre 2013

Martin de RIQUER

Élu associé étranger de l’Académie le 16 novembre 1990, après avoir été nommé correspondant le 19 décembre 1986, le médiéviste et historien de la littérature Martín de RIQUER, comte de Casa Dàvalos, est décédé le 17 septembre 2013 à Barcelone, à l’âge de 89 ans. Professeur de littérature romane à l’Université de Barcelone (1950-1984), qui lui avait conféré son éméritat, M. de RIQUER était un grand romaniste dont l’autorité était reconnue internationalement. Sa très riche bibliographie comporte de nombreux ouvrages, études et articles, portant notamment sur Cervantès et Don Quichotte, les troubadours et l’amour courtois, sans oublier des dizaines d’éditions de chansons de geste ; nous lui devons également une incontournable Historia de la literatura catalana, rééditée à de multiples reprises. Sénateur d’Espagne par désignation royale (1977-1979), M. de RIQUER était membre de nombreuses académies et sociétés savantes : la Reial Acadèmia de Bones Lletres de Barcelone, dont il fut le président, la Real Academia Española ou bien encore la British Academy. Docteur honoris causa de l’Université « La Sapienza » (Rome) et de l’Université de Liège, il avait reçu, dans son pays, plusieurs prix prestigieux, dont le Prix de l’essai en 1991 et le Prix des lettres espagnoles en 2000.

Emilio GABBA

Élu associé étranger de l’Académie le 16 avril 1999, après avoir été nommé correspondant le 13 février 1998, le grand historien de la Romeantique Emilio GABBA est décédé le 12 août 2013 à Pavie, à l’âge de 86 ans. Docteur dès 1948, Emilio GABBA professa, de 1958 à 1974, l’histoire grecque et romaine à l’Université de Pise puis, jusqu’en 1996, l’histoire romaine à celle de Pavie. Spécialiste de haute notoriété internationale de l’historiographie grecque et romaine, mais aussi de l’histoire économique, institutionnelle et sociale de la République romaine et du Principat, Emilio GABBA était un auteur infatigable – sa bibliographie comptait 827 entrées en 2006. Parmi ses livres majeurs, l’on citera non seulement d’incontournables recueils d’articles qui rendent compte de l’étendue de ses travaux – Esercito e società nella tarda repubblica romana (1973) ou bien, plus près de nous, Roma arcaica. Storia e storiografia (2000) –, mais également ses commentaires historiques des livres I et V des Guerres civiles d’Appien (1958 et 1970), ou bien encore ses ouvrages sur Appiano e la storia delle guerre civili (1956) et Dionysius and the History of Archaic Rome (1991). On n’omettra pas non plus de mentionner ses contributions fondamentales offertes à la Storia di Roma (1988-1993), à la Storia di Pavia dirigée par ses soins (1984-2000), à la réédition de la Cambridge Ancient History ; on rappellera enfin le rôle fort actif qu’il accomplit en tant que codirecteur de la Rivista di Filologia e d’Istruzione classica et de la Rivista storica italiana, et naturellement comme directeur de la revue Athenaeum, charge qu’il exerça à partir de 1990. Les honneurs et les récompenses internationales n’avaient pas manqué à Emilio GABBA. Visiting professor à plusieurs reprises aux États-Unis (University of Pennsylvania, Institute of Advanced Studies de Princeton, Berkeley), il était membre de l’Accademia dei Lincei, des académies de Milan, Turin et Naples, de la British Academy, de l’American Academy of Arts and Sciences. Honoré du prix « Cultore di Roma », il avait reçu en France un doctorat honoris causa des universités de Dijon et de Strasbourg.

Philippe GAUTHIER

Élu membre de l’Académie le 8 juin 2001, après avoir été nommé correspondant le 17 mars 2000, l’helléniste et épigraphiste Philippe GAUTHIER est décédé le 29 mars 2013 à Évreux, à l’âge de 77 ans. Agrégé d’histoire (1967) et docteur ès lettres (1970), le Professeur Philippe GAUTHIER était le spécialiste, internationalement reconnu, de l’histoire des institutions grecques. Il débuta sa carrière comme assistant à l’Institut des Hautes Études de Tunisie (1957-1959), embryon de la future Université de Tunisie. Après son service militaire accompli en Allemagne, puis en Algérie en tant que lieutenant où sa conduite lui a valu d’être décoré de la Croix de la valeur militaire avec trois citations, il fut nommé assistant d’histoire ancienne à la Sorbonne auprès de son maître André Aymard (1962-1966). Il enseigna ensuite au Collège littéraire universitaire de Reims, puis au département d’histoire de la Faculté des Lettres de Nancy où il succéda à Édouard Will en 1974 dans la chaire d’histoire ancienne. La même année, il fut nommé directeur des études à l’École pratique des Hautes Études où il prit la succession de Louis ROBERT (chaire « Épigraphie et institutions grecques »). Son audience internationale a été soulignée par son élection comme membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et comme membre d’honneur de la Société archéologique d’Athènes. Au titre de la bibliographie de Philippe GAUTHIER qui compte plusieurs monographies et une centaine d’articles, on citera non seulement sa thèse de doctorat intitulée : Symbola : Les étrangers et la justice dans les cités grecques (1972) ainsi que sa traduction, avec un commentaire historique, des Poroi de Xénophon (1976), qui ont fait date, mais aussi son maître livre sur Les cités grecques et leurs bienfaiteurs (IVe-Ier s. av. J.-C.). Contribution à l’histoire des institutions (1985) ou bien encore son édition commentée, en collaboration avec M. HATZOPOULOS, associé étranger de l’AIBL, de La loi gymnasiarchique de Béroia (1993) ; un choix de ses articles est paru en 2011 sous le titre Études d’histoire et d’institutions grecques. M. Philippe GAUTHIER avait également dirigé longtemps la chronique annuelle du Bulletin épigraphique dans la Revue des Études grecques. Prenant la suite de Louis ROBERT, il y analysait et éventuellement y rectifiait, avec la même autorité, les inscriptions nouvellement publiées.

Calvert WATKINS

Élu associé étranger de l’Académie le 10 décembre 1999, après avoir été nommé correspondant le 21 décembre 199O, le linguiste Calvert WATKINS, de grand renom international, est décédé le 20 mars 2013 à Los Angeles, à l’âge de 80 ans. Bachelor of Arts avec la mention summa cum laude en linguistique et langues classiques à Harvard College (1954), il compléta sa formation, notamment à Paris, comme boursier Fulbright à l’École pratique des Hautes Études, puis au Collège de France, où il eut pour maîtres Émile BENVENISTE, Michel LEJEUNE et Pierre CHANTRAINE. Ph. D. en linguistique à Harvard University en 1956, il accomplit toute sa carrière de professeur au sein de ce prestigieux établissement qui lui confia, à plusieurs reprises, la direction de son département de linguistique. Membre, entre autres, de la Société de Linguistique de Paris et de la Linguistic Society of America, dont il fut le Président en 1988. Il rejoignit également les rangs de la Royal Irish Academy, de l’American Academy of Arts and Sciences, de l’American Society et de la British Academy. Spécialiste en particulier de celtique et d’anatolien, C. WATKINS a également produit une œuvre réputée dans les domaines de la linguistique comparée indo-européenne et de la linguistique générale. Au titre d’une abondante bibliographie comptant une dizaine d’ouvrages et plusieurs centaines d’articles, on citera sa thèse sur les Indo-European Origins of the Celtic Verb I. The Sigmatic Aorist (1962), son Indogermanische Grammatik III/1 : Geschichte der Indogermanischen Verbalflexion (1969) ou encore un recueil d’articles fondamental intitulé : How to Kill a Dragon : Aspects of Indo-European Poetics (1995). En raison de sa compétence dans les langues indoeuropéennes, il fut appelé à participer à la 1ʳᵉ édition de The American Heritage Dictionary of the English Language et il édita The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots (1985, 20002).

André CRÉPIN

Élu membre de l’Académie le 15 mars 2002 au fauteuil de Jean VERCOUTTER après avoir été nommé correspondant le 22 novembre 1996 à la place de Robert Folz, l’angliciste et médiéviste André CRÉPIN est décédé le 8 février 2013, dans sa 85ᵉ année. Normalien (promotion 1949), pensionnaire de la Fondation Thiers (1956-1959), agrégé d’Anglais (1953) et docteur ès lettres (1970), André CRÉPIN avait professé à l’Université de Picardie, dont il fut le doyen de 1970 à 1973, puis occupé la chaire d’anglais médiéval à la Sorbonne ; responsable de son École doctorale des Études médiévales, il fut doyen de sa Faculté des Études anglaises et nordaméricaines de 1990 à 1995. Membre des Académies d’Amiens et de Lyon, Président de l’Association des Médiévistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur, il administra la Société de Linguistique de Paris de 1978 à 1993. Jouissant d’une grande renommée Outre-Manche, il était fellow d’Emmanuel College à Cambridge, Member of the International Society of Anglo-Saxonists et Honorary Officer of the British Empire. Son œuvre scientifique considérable se situait au confluent de l’histoire médiévale et des études linguistiques et littéraires anglaises. Outre plusieurs ouvrages de référence, dont une Histoire de la langue anglaise (1967), devenue rapidement un classique, une Grammaire historique de l’Anglais (1978) ou bien son manuel intitulé Deux mille ans de langue anglaise (1994), on doit à André CRÉPIN des éditions incontournables, avec traduction et commentaires, du poème héroïque Beowulf (1998, 2007) ou des Contes de Canterbury de Chaucer (2000). À l’Académie, il organisait depuis 2008 des journées d’études réunissant, tous les deux ans, des spécialistes de la langue anglo-normande, dont les Actes ont paru avec régularité.