Membre 2011

M. Horst Fuhrmann

Élu correspondant étranger de l’AIBL le 13 février 1998, le médiéviste Horst Fuhrmann est décédé à Steinebach am Wörthsee (Bavière), le 9 septembre 2011, à l’âge de 85 ans. Docteur de l’Université de Kiel, professeur émérite de l’Université de Tübingen, il était président honoraire des Monumenta Germaniae Historica sur le destin desquels il a veillé plus de vingt ans (1971-1994) ; il avait également présidé la Bayerische Akademie der Wissenschaften, de 1991 à 1997. Maître incontesté de la critique et de l’édition des sources canoniques des VIIIe-XIe siècles, spécialiste des institutions de la Chrétienté occidentale et du mouvement des idées de l’époque carolingienne à la réforme grégorienne, il avait aussi porté son attention sur le problème des falsifications au Moyen Âge et sur leur répercussion au plan tant politique que canonique. De son abondante bibliographie, on retiendra notamment son édition du Constitutum Constantini (1968) et les trois gros volumes qu’il consacra à l’influence et à la diffusion des Décrétales pseudoisodoriennes (1972-1974).

M. Oleg Grabar

Élu correspondant de l’AIBL le 19 février 1999, est décédé à Princeton (ÉtatsUnis) le 8 janvier 2011, à l’âge de 81 ans. Diplômé en langues et littératures orientales et en histoire de l’art de l’Université de Princeton (Ph. D.), puis fellow de l’American School of Oriental Research de Jérusalem (1953-1954), le Professeur Oleg Grabar enseigna l’art et l’architecture musulmanes aux Universités du Michigan (1954-1969) et Harvard (1969-1990, chaire Aga Khan), puis, à partir de 1990, à l’Institute for Advanced Study de Princeton, dont il était professeur émérite. Archéologue de terrain et expert de réputation internationale, il avait dirigé l’Institut Albright de recherches archéologiques de Jérusalem et les fouilles du palais omeyyade de Qasr al-Hayr al-Gharbi en Syrie. En 2001, l’UNESCO l’avait chargé de l’inspection des fouilles du Mont du Temple à Jérusalem. Le Professeur Oleg Grabar, dont les travaux, d’une ampleur considérable, avaient été couronnés par une distinction exceptionnelle, la médaille Charles Lang Freer, était l’auteur d’ouvrages majeurs, notamment : The Formation of Islamic Art (1973), qui connaîtra de nombreuses traductions, The Art and Architecture of Islam, 650-1250 (1987) et The Meditation of Ornament (1992), également traduits en plusieurs langues, La peinture persane (1999), enfin, les quatre volumes de Constructing the Study of Islamic (20052006), réunissant 83 de ses articles.

M. André LARONDE

Né à Grenoble, le 19 juin 1940, M. André LARONDE, qui avait été élu membre de l’AIBL le 15 novembre 2002, au fauteuil d’Antoine GUILLAUMONT, après avoir été nommé correspondant le 19 mars 1999, est décédé à Paris le 1er février 2011. Agrégé d’histoire et docteur d’État, il enseigna à l’Université de Grenoble où il devint dès 1978 professeur d’histoire ancienne, avant de gagner la Sorbonne où il professa l’histoire grecque à partir de 1983. Directeur de son Centre de Recherches sur la Libye antique, il dirigea de 1992 à2001 l’équipe du CNRS « Vallée du Nil, oasis, Libye, Méditerranée ». Historien, épigraphiste et archéologue, il était le spécialiste par excellence de la Libye antique, de grande réputation internationale, et dirigeait depuis 1981 la Mission archéologique française dont l’activité se polarise notamment autour des sites de Leptis Magna (Tripolitaine) et d’Apollonia (Cyrénaïque). Il avait également conduit des travaux de prospection tant dans la chôra cyrénéenne que dans le désert de la grande Syrte et les zones inhospitalières du sud libyen. Sa production scientifique comptait plusieurs maîtres livres, dont Cyrène et la Libye hellénistique (1987), un classique incontournable, ainsi qu’une foule d’articles. Il était l’éditeur de la revue Karthago. Revue d’Archéologie méditerranéenne. Homme des tâches d’intérêt général, il était le membre très actif d’une foule de conseils, comités de publication, sociétés savantes et Académies, notamment de l’Académie delphinale, qu’il présida de 1992 à 1994. Il avait organisé, aux côtés du Secrétaire perpétuel Jean LECLANT, plusieurs colloques à la Villa Kérylos, spécialement à l’occasion de son centenaire en 2009 ; il siégeait au sein du conseil d’administration de la fondation Thiers et avait présidé la conférence nationale des Académies de Province, placée sous l’égide de l’Institut de France.

M. Louis BAZIN

Né à Caen le 29 décembre 1920, M. Louis BAZIN qui avait été élu membre de l’Académie le 22 octobre 1993, au fauteuil de Claude CAHEN, est décédé à Paris le 2 mars 2011. Normalien à l’âge de 18 ans, agrégé de grammaire, diplômé de turc à l’École des langues orientales et docteur d’État, le Professeur Louis BAZIN était un orientaliste de réputation mondiale, un grand turcologue et le maître du comparatisme turco-mongol. L’étude descriptive et comparative des langues turques vivantes (azéri, turkmène, kirghiz) tout comme l’évolution du Turc lui-même comptaient également parmi ses domaines de prédilection. Après un bref passage au CNRS, M. Louis BAZIN devint en 1949 professeur de turc à l’École des langues orientales et, l’année suivante, directeur d’études d’histoire et philologie turques à l’EPHE, IVe section. Directeur de l’Institut d’Études turques de l’Université de Paris (1960-1989), il fonda et dirigea l’équipe de recherche « Études turques » associée au C.N.R.S. (1967-1984) ; il professa le turc à partir de 1980 à l’Université de Paris III-Sorbonne-Nouvelle. Vice-Président de la Societas Uralo-Altaica (Hambourg) et de l’Union internationale des Études orientales et asiatiques, membre de la Société orientaliste hongroise et de la Deutsche Morgenländische Gesellschaft, il avait été élu à l’Akademie der Wissenschaften und der Literatur zu Mainz. De sa riche bibliographie, qui compte une foule d’articles savants, on se bornera à citer, outre sa thèse de doctorat parue à nouveaux frais en 1991 sous le titre : Les systèmes chronologiques dans le monde turc ancien, son Introduction à l’étude de la langue turque (1968, 19873) ainsi qu’un recueil de ses articles, vite épuisé : Les Turcs, des mots, des hommes, choix d’articles de Louis Bazin (1994).

M. Siegfried Lienhard

Né le 29 août 1924 à Sankt Veit an der Glan (Autriche), M. Siegfried LIENHARD, de nationalité suédoise, qui avait été élu correspondant le 20 décembre 1996 puis associé étranger de notre Académie le 30 octobre 1998, est mort à Stockholm le 6 mars 2011. Docteur ès lettres de l’Université de Vienne, le Professeur Siegfried LIENHARD était un sanskritiste de réputation internationale, spécialiste de la littérature et de la culture népalaises. Après des études à Vienne, Göttingen et Paris, où il avait été l’élève de Louis RENOU et de Jean FILLIOZAT, il enseigna notamment en tant qu’assistant à Göttingen et Bénarès, puis professa l’indologie aux Universités de Kiel (1962-1967) et de Stockholm (1967-1990). Docteur honoris causa de plusieurs Universités, dont celle de Paris III et la prestigieuse Sanskrit University de Tirupati, il était membre de plusieurs académies : autrichienne, de Suède et du Danemark, des Lincei, ainsi que plusieurs Compagnies indiennes. Son œuvre compte une vingtaine de livres et de très nombreux articles écrits en diverses langues, dont le français. Parmi ses principaux ouvrages, on mentionnera : Change and Continuity. Studies in the Nepalese Culture of the Kathmandu Valley (1996, éd.), Diamantmeister und Hausväter. Buddhistisches Gemeindeleben in Nepal (1999) ou bien, plus près de nous, Svayambhupurana. Mythe du Népal (2009), un commentaire savant de peintures vénérables conservées au musée Guimet.

M. Alessandro de Maigret

Alessandro de Maigret, élu correspondant étranger de l’AIBL le 6 novembre 2009, est décédé à Pierantonio, près de Pérouse (Italie), le 14 février 2011. Professeur associé à l’Istituto universitario orientale di Napoli (1980), puis professeur d’archéologie et d’histoire de l’art du Proche-Orient antique (1990) à l’Université de Naples, « L’Orientale », Alessandro de Maigret avait fondé et dirigé les missions archéologiques italiennes du Yémen (1982) et de l’Arabie saoudite (2009). Dans ces deux pays, il conduisit des fouilles sur quatre sites importants, trois dans le premier (Yalâ, Tamna‛ et Barâqish) et un dans le second (Dûmat al-Jandal). Auteur de nombreux travaux sur l’archéologie du Yémen, sa contribution scientifique majeure restera la révélation de l’importance de l’âge du Bronze au Yémen (The Bronze Culture of Khawlân at-Tiyâl and al-Hada, Yemen Arab Republic, 1990). Alessandro de Maigret avait noué des liens étroits avec les équipes françaises œuvrant en Arabie, collaborant tout spécialement avec les épigraphistes et les historiens ; membre du Deutsches Archäologisches Institut (Berlin), co-directeur de la revue Arabia, il était membre du conseil scientifique de l’Inventaire des inscriptions sudarabiques, conjointement publié par l’AIBL et l’Istituto italiano per l’Africa e l’Oriente.

M. Denis Sinor

Élu correspondant de l’AIBL le 22 novembre 1996, Denis Sinor est décédé à Blooming- ton (États-Unis) le 12 janvier 2011. Après des études de mongol et de turc menées à Budapest et au Collegium Hunga- ricum de Berlin, Denis Sinor gagna Paris, en 1939, où il fut l’assistant de Paul PELLIOT à l’Institut des Hautes Études chinoises. Contraint de se réfugier en zone libre durant l’Occupation, il enseigna un temps à l’Institut catholique de Toulousepuis, entré dans la clandestinité, il rejoignit les FFI, avant de s’engager dans un régiment de dragons et de participer à la campagne d’Allemagne. Chercheur au CNRS à partir de 1945, il fut nommé professeur à Cambridge dans la chaire nouvellement créée d’études altaïques en 1948, puis professa, de 1962 à 1988, à l’Université d’Indiana à Bloomington, où il dirigea le département d’études ouralo- altaïques, fondé par ses soins. En 1967, il y fonda l’Asian Studies Research Institute qu’il dirigea jusqu’en 1981, aujourd’hui The Denis Sinor Institute for Inner Asia Studies. Philologue et linguiste, tout autant qu’historien et ethnologue, le Professeur Denis Sinor, spécialiste de l’histoire du hongrois, a conduit des travaux majeurs sur les langues du groupe mongol, mandchou et turc, mais aussi sur les parentés entre les langues ouralo-altaïques et finno-ougriennes, qui lui valurent de nombreuses récompenses et distinctions internationales. Fondateur du Journal of Asian Studies et de la collection Uralic and Altaic Series, auteur de 17 livres et de quelque 160 articles, il avait été Vice-Président de l’Association internationale des Études hongroises et de la Societas Uralo-Altaica, Président de la Mongolia Society, mais aussi membre de plusieurs commissions de l’UNESCO (la route de la soie, l’histoirede la civilisation de l’Asie centrale).

M. Jean-Charles Perrot

Né à Malesherbes (Loiret), le 23 avril 1925, M. Jean-Charles Perrot, qui avait été nommé correspondant de l’AIBL le 21 novembre 1997, est décédé à Paris le 5 mai 2011. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, diplômé de hongrois à l’École des Langues orientales, agrégé de grammaire et docteur ès lettres, Jean-Charles Perrot était un éminent linguiste aux multiples compétences, renommé non seulement pour ses travaux sur les langues finno-ougriennes et ouraliennes, mais aussi dans les domaines de la linguistique générale et latine. Professeur de linguistique à la Sorbonne, de 1960 à 1970, puis à la Sorbonne Nouvelle, jusqu’en 1986, il fut le directeur de l’Institut de Linguistique et Phonétique générales et appliquées (ILPGA), de l’UER de linguistique générale et appliquée de l’Université de Paris III et du Centre interuniversitaire d’études hongroises rattaché à cette université. De 1978 à 1992, il fut directeur d’études à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études. Secrétaire de la Société de Linguistique de Paris à partir de 1970, il dirigea la revue Études finno-ougriennes et les Cahiers d’Études hongroises. Au titre de ses publications, on mentionnera notamment sa direction de l’équipe qui a réalisé le Dictionnaire hongrois-français (Szeged, Grimm) en 2000 ou bien encore son Que sais-je ? sur La Linguistique rédigé pour le grand public. Docteur honoris causa des Universités de Helsinki, Budapest et Szeged, J.-Ch. Perrot est aussi membre correspondant de la Société finno-ougrienne (Helsinki) et membre d’honneur de l’Académie hongroise des Sciences.

M. Emmanuel POULLE

M. Emmanuel POULLE, élu membre de l’AIBL le 22 mars 1996, au fauteuil de Raymond WEIL, est décédé à Avranches le 1ᵉʳ août 2011, à l’âge de 82 ans. Archiviste paléographe, diplômé de l’EPHE (IVe section), docteur ès lettres, M. Emmanuel POULLE avait accompli, après un bref passage par les archives de l’Aube, l’ensemble de sa carrière à l’École des Chartes : il y exerça les charges de secrétaire général et de maître assistant, puis de professeur de paléographie et enfin de directeur, de 1988 à 1993. Parallèlement à ses taches d’enseignement, il fut conduit à assurer d’importantes responsabilités scientifiques. Ancien secrétaire perpétuel de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences, ancien secrétaire général du comité international de paléographie latine, membre correspondant des Monumenta Germaniae Historica, il était, entre autres, membre des comités de rédaction de la Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, de la Revue d’Histoire des Sciences, de Nuncius, Annali di Storia della Scienza et de Scriptorium. L’un des médiévistes les plus réputés dans le monde pour la qualité de ses recherches sur l’astronomie médiévale et ses travaux sur la paléographie latine et française (notamment l’écriture cursive), il consacra tout particulièrement ses efforts à des études extrêmement savantes sur les instruments anciens et l’astronomie planétaire, considérés soit du point de vue théorique, soit pour leur application à l’horlogerie. Parmi ses principaux ouvrages, on citera son incontournable Paléographie des écritures cursives en France du XVe au XVIIe siècle, un recueil de fac-similés de documents parisiens avec leur transcription en 2 volumes (1966), Les instruments de la théorie des planètes selon Ptolémée : équatoires et horlogerie planétaire du XIIIe au XVIe siècle en 2 volumes (1980), son édition commentée des Tables alphonsines, avec les canons de Jean de Saxe (1984), ainsi que des monographies sur tant d’horloges planétaires, en particulier sur celle des cathédrales de Bourges (1961) et de Strasbourg (1983).

M. Jean LECLANT

Né à Paris, le 8 août 1920, l’orientaliste Jean LECLANT, qui avait été élu, le 3 mai 1974, membre de l’Académie, au fauteuil de Jacques VANDIER, avant d’en devenir le Secrétaire perpétuel, le 24 juin 1983, s’est éteint, à Paris, le 16 septembre 2011. Normalien (promotion 1940), agrégé de géographie, ancien membre de l’Institut français d’Archéologie orientale du Caire (1948-1952) et docteur ès lettres, il professa à l’Université de Strasbourg (1953-1963), puis à la Sorbonne (1963-1979), enfin au Collège de France (chaire de Champollion, 1979-1990), y formant plusieurs générations d’égyptologues ; il fut également directeur d’études à la section des sciences historiques et philologiques de l’EPHE, de 1964 à 1990. Fondateur, à l’âge de seulement 32 ans, du Service archéologique en Éthiopie (1952-1956), il dirigea la mission archéologique française au Soudan (sites de Soleb et Sedeinga), puis celle de Saqqarah (1963-1999), où il découvrit les vestiges des pyramides de sept reines jusqu’ici inconnues, dont la sépulture de la reine Ankhnespépy (avec des Textes des Pyramides). Généreux de son savoir et toujours prêt à coordonner des entreprises d’intérêt général, il donna, chaque année, de 1948 à 2002, l’incontournable chronique générale de toutes les fouilles et découvertes effectuées dans la vallée du Nil dans la revue Orientalia (Rome). En tant que Secrétaire général de la commission des recherches archéologiques du ministère des Affaires étrangères (1973-1988), il veilla à l’organisation de plus de cent chantiers de fouilles françaises, répartis dans le monde. Il présida aussi, de 1988 à 2008, le Haut-Comité des Célébrations nationales du ministère de la Culture et fut Vice-Président de la Commission française pour l’UNESCO. Organisateur de nombreux colloques et séminaires, en particulier sur les études méroïtiques, domaine tout nouveau de recherche, dont il a été l’un des fondateurs, il mit au service de l’Académie ses talents d’animateur hors-pair, y favorisant l’accueil de très nombreuses rencontres internationales dans les divers champs de l’érudition relevant de ses compétences. Président de la Société française d’Égyptologie pendant plusieurs années, il organisa en 1972 et en 1990 les manifestations nationales et internationales consacrées au cent-cinquantenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, puis au bicentenaire de la naissance de Champollion. Secrétaire général honoraire de l’Association internationale des Égyptologues, il avait présidé la Société des Africanistes, la Société française des Études éthiopiennes et la Society for Nubian Studies ; il était également président d’honneur de la Société asiatique et de la Société d’Histoire des Religions Ernest Renan. Il présidait aussi, depuis sa création il y a 25 ans, la fondation Michela Schiff-Giorgini, qui décerne chaque année des prix destinés à encourager les recherches sur la vallée du Nil. L’œuvre de Jean LECLANT a été consacrée à l’étude des cultures de la vallée du Nil, plus spécialement à l’égyptologie (archéologie pharaonique et étude des textes) et aux études nubiennes mais aussi isiaques ; elle était colossale. Auteur de nombreux maîtres livres, sa bibliographie compte près de 1200 numéros (articles, communications, comptes rendus). Parmi ses dernières publications, on signalera plusieurs ouvrages collectifs : le Répertoire d’Épigraphie Méroïtique (2083 p. en 3 vol.), Les textes de la Pyramide de Pépy Iᵉʳ, le recueil biobibliographique en trois volumes de l’Institut de France (Le second siècle, 1895-1995, 2407 p.) ainsi que son Dictionnaire de l’Antiquité, dont la sortie des presses de la réédition est imminente (octobre 2011). Fondateur et directeur des Annales d’Éthiopie (1955-1972), mais aussi des Meroitic Newsletters, il avait été chargé jadis, par A. Malraux et A. Parrot, de la direction des 3 volumes de L’Univers des formes consacrés à l’Égypte. Il dirigeait avec une énergie inlassable les publications de l’Académie, dont il accrut considérablement le rythme des parutions et la notoriété. Le rayonnement international de Jean LECLANT le fit tout naturellement élire membre de plusieurs Académies étrangères et françaises, entre autres de la British Academy, de l’Accademia dei Lincei (Rome), de l’Académie des Sciences de Russie, de Belgique, Danemark, Suède, Munich et Roumanie, de Madrid, Barcelone, Naples (Accademia Pontaniana), ainsi que de l’Institut d’Égypte (Le Caire), des Instituts archéologiques allemand et autrichien, de l’Istituto Italiano per il Medio ed Estremo Oriente et de l’American Philosophical Society (Philadelphie, USA). Jean LECLANT était également docteur honoris causa des universités de Louvain, Bologne et Vienne. Quai de Conti, il siégea plusieurs décennies durant au sein de la Commission administrative centrale de l’Institut de France, mais aussi dans une foule de comités, dont celui de la fondation Cino et Simone Del Duca – qu’il convainquit de l’intérêt majeur pour la recherche de créer un grand prix d’Archéologie en 2005 ; il fut, à partir de 1992, le conservateur de la Villa Kérylos (Beaulieu-sur-Mer), qui bénéficia, sous sa houlette, d’importants travaux et d’une expansion de ses activités culturelles, avec notamment l’organisation de colloques annuels ; il joua aussi un rôle déterminant dans la préparation du Bicentenaire de l’Institut de France en 1995, dont il favorisa le bon déroulement. La messe de funérailles de Jean LECLANT s’est déroulée, le vendredi 23 septembre 2011, dans une atmosphère de profonde ferveur et de recueillement, en l’église Saint-Germain-des-Prés ; il repose au cimetière du Montparnasse, auprès de la tombe de Gaston MASPERO, l’égyptologue aux travaux et à la vie duquel il avait consacré plusieurs études, empreintes d’admiration. Gaston MASPERO avait été l’un de ses prédécesseurs au Collège de France et le Secrétaire perpétuel de l’Académie de 1914 à 1916.

M. Herbert FRANKE

Élu associé étranger de l’Académie le 25 juin 1993, au fauteuil de Bernhard BISCHOFF, après avoir été nommé correspondant en 1991, le sinologue et mongolisant Herbert FRANKE est décédé le 10 juin 2011 à Munich, à l’âge de 96 ans. Docteur en droit et en sinologie, il accomplit une carrière toute rectiligne à l’Université de Munich, dont il fut le doyen de 1970 à 1974. Ancien Vice-Président de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, il avait présidé la Deutsche Morgenländische Gesellschaft et l’Académie de Bavière ; il était également membre du Deutsches Archäologisches Institut, de l‘Österreichische Akademie der Wissenschaften de Vienne et de l’Istituto Italiano per il Medio ed Estremo Oriente. La bibliographie de ce savant considérable, qui s’était en particulier attaché à l’étude des empires sinisés formés sur les confins septentrionaux de la Chine du Xᵉ au XIVe siècle, comporte plusieurs centaines de titres. Parmi ceux-ci, il convient de mentionner son Geld und Wirtschaft in China unter der Mongolenherrschaft (1949) ou bien encore Das chinesische Kaiserreich (1968) et Krieg und Krieger im chinesischen Mittelalter (2003). H. FRANKE était aussi l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la littérature de contes et nouvelles en chinois et diverses traductions.

M. Roger Agache

Élu correspondant de l’Académie le 8 février 1991, l’archéologue Roger Agache est décédé le 17 septembre 2011 à Amiens, à l’âge de 83 ans. Autodidacte et ancien instituteur, ce père fondateur de la photographie aérienne et de son utilisation en archéologie fut directeur des Antiquités préhistoriques de Picardie, de 1963 à 1987 ; il enseigna aussi à l’Université de Caen. Conservateur en chef honoraire du patrimoine, il était membre de nombreuses sociétés savantes, dont la Société des Antiquaires de France. Son œuvre de pionnier lui valut plusieurs récompenses prestigieuses, dont la Médaille de bronze du CNRS en 1978 et le Grand Prix national d’archéologie du ministère de la Culture en 1983. Sa bibliographie compte plusieurs ouvrages et études importants, notamment ses 2 volumes de l’Atlas d’archéologie aérienne de Picardie (1975), La Somme préromaine et romaine (1978) ; citons aussi Traces et mémoire, un recueil de ses meilleures photos annexé aux actes d’un colloque organisé pour lui rendre hommage en 1999.

M. Manfred Mayrhoffer

Élu correspondant étranger de l’AIBL le 12 mars 1976, le linguiste et orientaliste Manfred Mayrhoffer est décédé à Linz (Autriche), le 31 octobre 2011, à l’âge de 85 ans. Professeur émérite à l’Université de Vienne et membre actif de l’Académie des Sciences d’Autriche, après avoir enseigné aux Universités de Graz et de Würzburg, il était un éminent spécialiste du domaine indo-européen, réputé pour ses travaux sur le vieux perse ou sur l’onomastique de Persépolis, sur les Aryens en Orient ou les Indo-Aryens. Il avait publié de nombreux ouvrages dans le domaine des études sanscrites, en particulier un dictionnaire étymologique du sanscrit, en plusieurs volumes et un ouvrage consacré à la phonétique dans l’Indogermanische Grammatik (1986). Auteur des trois volumes de l’Etymologisches Wörterbuch des Altindoarischen (1986-2001), il était le principal artisan d’une entreprise collective en cours de publication par l’Académie de Vienne, l’Iranisches Personennamenbuch. Il avait contribué efficacement à la diffusion de la théorie des laryngales, question centrale de la linguistique indo-européenne.