Fouilles archéologiques Mission archéologique française du Bassin de l’Indus (Pakistan)

La Mission archéologique française du Bassin de l’Indus (MAFBI) est un programme de recherche pluridisciplinaire ayant pour thème l’étude du peuplement du Pakistan et du Nord-Ouest de l’Inde à la période protohistorique. Elle a pour objectif d’approfondir la question de l’émergence, de l’évolution et des interactions inter-régionales de la civilisation de l’Indus (2500-1900 av. n.è.), premier grand phénomène d’urbanisation en Asie du sud. S’inscrivant dans une tradition de plus de 60 années de coopération franco-pakistanaise en archéologie, elle est née de la réunion deux projets pionniers rattachés au CNRS : La Mission archéologique de l’Indus (M.A.I.), alors dirigée par Jean-François Jarrige (CNRS), et la Mission archéologique française au Makran (MAFM) fondée par Roland Besenval (CNRS). Après 45 années de travaux ininterrompus dans la région du Balochistan associés à de nombreuses découvertes, la MAFBI a débuté, en 2015, un nouveau programme de terrain dans la province du Sindh (Sud-Est du Pakistan) (fig. 1). Ce secteur-clé joue un rôle fondamental dans les processus de transformations du milieu du IIIe millénaire mais sa séquence chronologique reste encore trop peu documentée en particulier pour la période pré-Indus (3000-2500) et les débuts de la civilisation de l’Indus. Nos travaux actuels visent à offrir un nouvel éclairage sur la formation et les manifestations architecturales et artisanales de la 1re période Indus (2500-2300 BCE) et à mieux documenter les relations entre les populations anciennes du Sindh et du Balochistan. Deux opérations de terrain complémentaires sont conduites de manière simultanée en collaboration avec le département d’Archéologie et des Musées du Pakistan et le département de la Culture, du Tourisme et des Antiquités du Sindh : un programme de prospections et de sondages-tests dans les piémonts de la chaîne des Kirthar au sud-ouest du Sindh (région du Sindh-Kohistan, district de Jamshoro) et la fouille du site de Chanhu-daro (fig. 2) localisé dans le district de Shaheed Benazirabad.

 

Découvert en 1931 par N.G. Majumdar (Archaeological Survey of India) et fouillé lors d’une unique campagne en 1935-1936 par la première Expédition archéologique américaine en Inde sous la direction d’E.J.H. Mackay, Chanhu-daro est considéré, dans la littérature archéologique, comme l’un des principaux centres artisanaux de la civilisation de l’Indus, spécialisé dans la fabrication de parures. Cependant, sa stratigraphie, ses architectures en brique cuite et son mobilier exceptionnel sont longtemps demeurés « figés » au regard des avancées réalisées sur la périodisation interne de cette civilisation. Les fouilles extensives entreprises par la MAFBI depuis 2016 ont permis de renouveler de manière significative la connaissance de l’urbanisme des débuts de cette société.

Un vaste ensemble de plus de 4000 m2 d’architectures en brique crue datées de la première période Indus a ainsi été dégagé (fig. 3). Organisé en quartiers planifiés et spécialisés, il comprend des maisons Indus traditionnelles (fig. 4). équipées de cours, d’installations hydrauliques (fiig. 5), de zones de stockage et de cuisson ayant livré de riches collections de céramique et d’objets variés (fig. 6), de larges édifices aux murs massifs incluant des cellules de stockage et des espaces de travail, des ateliers liés à la fabrication de parures en pierre avec leurs habitats associés et une zone collective d’activités pyrotechnologiques (foyers, cazettes, installations de cuisson permanentes ou temporaires, fours) conçue pour optimiser la cuisson des productions lapidaires. La nature du complexe fouillé, ses techniques architecturales (utilisation ponctuelle de la brique cuite pour d’autres desseins que la construction des ouvrages hydrauliques) et sa situation stratigraphique ont remis en cause les anciens modèles interprétatifs sur la fondation de l’agglomération. Les fouilles ont également offert un témoignage contextualisé tout à fait exceptionnel sur la fabrication des parures en pierre (calcédoines, stéatite, et autres pierres variées) et en faïence durant cette période comprenant de très volumineuses quantités de vestiges et déchets artisanaux illustrant toutes les étapes des processus de fabrication des parures, ainsi que des milliers d’outils en pierre et une collection tout à fait unique d’outils en bois animal et composites (fig. 7).

Depuis 2019, l’accent est également porté sur l’étude des pratiques de culture et d’élevage afin de reconstituer le contenu et la structure des systèmes agropastoraux dans le contexte du développement de la civilisation de l’Indus. Les interactions entre les populations anciennes et la question de l’adaptation des sociétés aux conditions environnementales et climatiques seront également abordées par une approche pluridisciplinaire.

 

Découvert en 1931 par N.G. Majumdar (Archaeological Survey of India) et fouillé lors d’une unique campagne en 1935-1936 par la première Expédition archéologique américaine en Inde sous la direction d’E.J.H. Mackay, Chanhu-daro est considéré, dans la littérature archéologique, comme l’un des principaux centres artisanaux de la civilisation de l’Indus, spécialisé dans la fabrication de parures. Cependant, sa stratigraphie, ses architectures en brique cuite et son mobilier exceptionnel sont longtemps demeurés « figés » au regard des avancées réalisées sur la périodisation interne de cette civilisation. Les fouilles extensives entreprises par la MAFBI depuis 2016 ont permis de renouveler de manière significative la connaissance de l’urbanisme des débuts de cette société.

Un vaste ensemble de plus de 4000 m2 d’architectures en brique crue datées de la première période Indus a ainsi été dégagé (fig. 3). Organisé en quartiers planifiés et spécialisés, il comprend des maisons Indus traditionnelles (fig. 4). équipées de cours, d’installations hydrauliques (fiig. 5), de zones de stockage et de cuisson ayant livré de riches collections de céramique et d’objets variés (fig. 6), de larges édifices aux murs massifs incluant des cellules de stockage et des espaces de travail, des ateliers liés à la fabrication de parures en pierre avec leurs habitats associés et une zone collective d’activités pyrotechnologiques (foyers, cazettes, installations de cuisson permanentes ou temporaires, fours) conçue pour optimiser la cuisson des productions lapidaires. La nature du complexe fouillé, ses techniques architecturales (utilisation ponctuelle de la brique cuite pour d’autres desseins que la construction des ouvrages hydrauliques) et sa situation stratigraphique ont remis en cause les anciens modèles interprétatifs sur la fondation de l’agglomération. Les fouilles ont également offert un témoignage contextualisé tout à fait exceptionnel sur la fabrication des parures en pierre (calcédoines, stéatite, et autres pierres variées) et en faïence durant cette période comprenant de très volumineuses quantités de vestiges et déchets artisanaux illustrant toutes les étapes des processus de fabrication des parures, ainsi que des milliers d’outils en pierre et une collection tout à fait unique d’outils en bois animal et composites (fig. 7).

Depuis 2019, l’accent est également porté sur l’étude des pratiques de culture et d’élevage afin de reconstituer le contenu et la structure des systèmes agropastoraux dans le contexte du développement de la civilisation de l’Indus. Les interactions entre les populations anciennes et la question de l’adaptation des sociétés aux conditions environnementales et climatiques seront également abordées par une approche pluridisciplinaire.

 

Enrichies du fruit de coopérations avec plusieurs institutions culturelles et universités pakistanaises, les activités de la mission intègrent des programmes de formation sur le terrain pendant toute la durée de la fouille (accueil d’étudiants et jeunes chercheurs en archéologie et en sciences environnementales, de jeunes professionnels du patrimoine pakistanais), dans les universités locales (enseignement, organisation et animation d’ateliers/séminaires) et dans les laboratoires français partenaires avec le soutien de l’ambassade de France au Pakistan et du MEAE. À la demande du pays-hôte, la Mission apporte l’expertise des chercheurs français à l’étude et la valorisation du patrimoine culturel pakistanais, participe à des actions de coordination entre les institutions scientifiques, autorités et philanthropes locaux et joue un rôle pivot dans le développement des communautés locales autour du site. Elle contribue également, par son aide logistique et son encadrement scientifique, au développement de nouveaux travaux de terrain réalisés par de jeunes archéologues pakistanais dans la province du Balochistan et participe aux nouveaux projets d’étude spécialisées et de valorisation grand public (base de données, carte archéologique, muséalisation de collections, publications) conduits par le Département de la culture et des antiquités de la Province du Balochistan.

 

 

 

La mission est soutenue financièrement par la commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger du MEAE, le département de la Culture, du Tourisme et des Antiquités du Sindh, l’ambassade de France au Pakistan, le PHC-Programme Peridot (2017-2019), le département de la Culture, du Tourisme, des Antiquités et des Archives du Balochistan, la National Geographic Society, Committee for Research and Exploration (2017) et l’Endowment Fund Trust for the Preservation of the Heritage of Sindh (2016-2017).

Elle a reçu le Prix de la Fondation Louis de Clercq 2019 et le Label « Archéologie 2017 » de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ainsi que le 1er Prix Clio 2018 (ex-aequo) de la Recherche archéologique.

 

 

Aurore Didier

directrice de la Mission archéologique française du Bassin de l’Indus, chargée de recherches, CNRS-UMR7041 / Archéologies et Sciences de l’Antiquité, équipe « Archéologie de l’Asie centrale : Peuplement, Milieux, techniques » aurore.didier@cnrs.fr

 

 

Liens complémentaires

• La commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
• Site internet de la mission (en construction) : https://mafbi.cnrs.fr
• L’archéologue du Futur – Mission du Bassin de l’Indus : https://www.youtube.com/watch?v=Ysy…

 

Institutions scientifiques partenaires

• Laboratoire « Archéologies et Sciences de l’Antiquité (ArScAn) », UMR7041-CNRS, équipe « Archéologie de l’Asie centrale : Peuplement, Milieux, techniques ».
• Laboratoire “Archéozoologie et Archéobotanique”, UMR7209-CNRS / Museum national d’Histoire naturelle.
• Department of Archaeology and Museums, Government of Pakistan.
• Culture, Tourism and Antiquities Department, Government of Sindh.
• Culture Tourism & Archives Department, Government of Balochistan.
• Taxila Institute of Asian Civilizations, Quaid-e Azam University, Islamabad.
• Shaheed Benazir Bhutto University of Veterinary Animal Sciences

 

Pour en savoir plus

• A. Didier, « Nouvelles recherches sur les débuts de la Civilisation de l’Indus (2500-1900 av. n. è.) au Pakistan. Les fouilles de Chanhu-daro (Sindh) », Comptes-Rendus des Séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2017, p.947-980.
• A. Didier, La Mission Archéologique Française du Bassin de l’Indus : 60 ans de coopération franco-pakistanaise en Archéologie et PatrimoineLa Lettre diplomatique 119, 2017, p. 26.
• A. Didier, D. Sarmiento-Castillo, P. Mongne, S. Shakir Ali Shah,« Resuming excavations at Chanhu-daro (Sindh) : First results of the 2015-2017 field-seasons », Pakistan Archaeology 30, 2016, p. 69-121.
• L. Thély, M. Sergheraert, A. Le Bouhoulec, N. Grimal, Cartographie stratégique des missions archéologiques françaises à l’étranger (2018-2022) : État des lieux et propositions opérationnelles. Rapport de Stratégie, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2019.

 

Légende des illustrations

• Fig. 1 : Carte des sites étudiés au Pakistan par les missions de l’Indus (M.A.I.), du Makran (MAFM) et du Bassin de l’Indus (MAFBI) depuis 1958. Encadré en rouge : Localisation du site de Chanhu-daro et des opérations de terrain conduites par la MAFBI dans la province du Sindh depuis 2015. © MAFBI.
• Fig. 2 : Le site de Chanhu-daro. © MAFBI.
• Fig. 3 : Chanhu-daro 2017, Chantier 2 : Fouilles du quartier des lapidaires. © MAFBI.
• Fig. 4 : Chanhu-daro 2019, Chantier 2 : Maison d’artisan de la 1ère période Indus (2500-2300 av. n.è.) en cours de dégagement. © MAFBI.
• Fig. 5 : Chanhu-daro 2019, Chantier 2 : Installations hydrauliques au sud de la Zone. © MAFBI.
• Fig. 6 : Chanhu-daro 2016-2019, Chantiers 2-3 : Sélection de mobilier de la 1ère période Indus (2500-2300 av. n.è.). © MAFBI.
• Fig. 7 : Chanhu-daro 2016-2019, Chantier 2 : Ornements, vestiges de production et outils de la 1re période Indus (2500-2300 av. n.è.). © MAFBI.